Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : étrangeté du texte, brièveté!, présence d'une courte bibliographie sur la nécrophilie en fin de volume
les moins : la lecture produit un malaise réel, pouvant aller jusqu'à la nausée, absence d'informations sur l'auteur et sur l'essai qui suit
AUTEUR: Journaliste au Frankfurter Allgemeine Zeitung, mariée à un déserteur allemand homosexuel, pendant l'occupation nazie, Gabrielle Wittkop-Ménardeau (1920-2002) (elle-même homosexuelle) a publié plusieurs volumes cruels et aberrants: La Mort de C., Sérénissime Assassinat, La Marchande d'Enfants, etc.
PRESENTATION DU ROMAN: Le Nécrophile est un très court roman (82 pages), paru d'abord en 1972 dans la "Bibliothèque Noire", collection dirigée par Régine Desforges. L'édition chez la Musardine comporte une couverture de Dali, "Ballerine", 1932, qui a été désaprouvée par l'auteur. Elle a également rejeté l'essai qui suit.
Le roman se présente comme un journal, où Lucien, le narrateur, fait le récit de ses amours macabres: depuis le jour où il découvre la masturbation à la mort de sa mère, devant le lit où elle repose, Lucien aime les cadavres d'un amour charnel et spirituel. Il leur fait l'amour, désire leur douce odeur de bombyx, et tombe amoureux d'eux; amour impossible, où il faut lutter contre la décomposition qui bientôt menace. Aucun sadisme chez lui qui le conduirait à faire subir à ces corps des actes de violence: il leur voue un étrange respect, les baigne, les parfume, afin de les conserver le plus longtemps possible.
Ce qu'il aime chez les morts, c'est d'abord cette odeur qui précède la putréfaction. C'est ensuite leur pureté: "rien n'est plus propre qu'un mort et il le devient de plus en plus, au fur et à mesure que passe le temps et jusqu'à la pureté finale de cette grande poupée d'ivoire au rire muet, aux jambes perpétuellement écartées, qui est chacun de nous".
Mais il s'agit toujours d'amours non réciproques (où le nécrophile fait don de lui-même sans qu'il y ait retour), d'amours vécues dans l'urgence. D'amours silencieuses. Car comme Lucien le remarque, il n'y a pas de lien entre les nécrophiles mêmes: s'ils se reconnaissent, ils ne se recherchent pas, "ils ont choisi l'incommunicabilité, et leurs amours transcendent l'incommunicable".
AVIS PERSONNEL: Dès les premières pages, j'ai été saisie par un malaise violent, ressentant, au moment où le narrateur évoque son rapport aux odeurs, de très fortes nausées. La description est plate, malgré un certain désespoir: ce récit minutieux est insupportable parce qu'inimaginable, insoutenable, il exprime pourtant l'amour. C'est ce qui fait qu'on continue la lecture: pas de curiosité "malsaine" de la part du lecteur, ni l'envie de lire un cas de psychopathologie sexuelle.
Livre impressionnant, - qui peut choquer.
--------------------------- ESSAI QUI SUIT: NECROPOLIS, F. de Gaudenzi
Le petit essai de 50 pages, intitulé Nécropolis, est d'un auteur sur qui je n'ai pu trouver d'informations. Il existe un F. de Gaudenzi, à la fin du 19 eme siècle qui s'est intéressé à la psychopathologie du Tasse; mais le F. de Gaudenzi de cet essai est postérieur, compte tenu des références qui figurent dans le texte. Vraisemblablement un essai de 1970 environ. S'agit-il alors d'un clin d'oeil, d'un pseudo? C'est un essai qui propose quelques définitions: nécrosadisme, nécrophagie, nécromancie, nécrophilie; et qui donne une dimension ethnologique à cette dernière - dimension absente du récit de Wittkop, et qui ne contribue pas à l'éclairer.
Je pense que la publication de cet essai non seulement n'a pas d'intérêt après la lecture du Nécrophile, mais qu'il l'affaiblit.
A signaler que les éditions Verticales ont, en 2001, publié le Nécrophile; cette édition a été revue par Wittkop avant son suicide, et approuvée. Je me permets donc de vous conseiller d'acheter ce récit en Verticales, plutôt que chez la Musardine.
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