Payot La planète échangiste : Les sexualités collectives en France

La planète échangiste : Les sexualités collectives en France

Avis, Essais, Comparer Payot La planète échangiste : Les sexualités collectives en France

Marque : Payot
Date de sortie : 15/04/2005

Auteur : Daniel Welzer-Lang
ISBN-10 : 2228899765
Nombre de pages : 577.00 pages

Ce livre est un événement. Pour la première fois, toute la lumière est faite sur la " planète " échangiste : ses acteurs bien sûr, mais aussi une pratique " récréative " en pleine expansion qui, des clubs aux soirées intimes, en passant par les lieux naturistes comme le Cap d'Agde, constitue aujourd'hui un véritable phénomène de société. L immense enquête de terrain menée pendant quatre ans par Daniel Welzer-Lang et son équipe dans les milieux échangistes de notre pays n'avait encore jamais été publiée. Beaucoup parlaient de ce texte, mais rares étaient ceux qui l'avaient lu. Le voici donc enfin, dans toute sa richesse et sa crudité.

Notes moyennes des avis

Intérêt  La planète échangiste : Les sexualités collectives en France : Intérêt : 1,00/4 
Style, qualité d'écriture  La planète échangiste : Les sexualités collectives en France : Style, qualité d'écriture : 2,00/4 

 
avis utilisateurs  (2)
Afficher : Sélection | Les plus récents | Les plus recommandés

Sélection des avis les plus recommandés :

Comparer
par vagant H 125
12.07.2007

Intérêt 2/4
Style, qualité d'écriture 2/4
Note Générale 1/4
Les plus : Exhaustivité
les moins : Partialité, obsolescence, sensationnalisme, caricatural

La libertine est l'otage du désir masculin et fait l'objet d'un troc qui ne dit pas son nom. Tel est le credo de "la planète échangiste" de Daniel Welzer-Lang, devenu depuis sa parution l'ouvrage de référence sur l'échangisme. Fort de ses quatre années d'enquête sur le terrain, DWL en est devenu le théoricien incontesté. Cette légitimité est-elle bien justifiée ?

La couverture est sensationnaliste: "Ce livre est un événement. Pour la première fois, toute la lumière est faite sur la "planète" échangiste [...] L'immense enquête de terrain menée pendant quatre ans par Daniel Welzer-Lang [...] n'avait jamais été publiée.". L'introduction resitue le contexte. Dans les années 1995, DWL et son équipe ont enquêté sur l'échangisme avec pour louable objectif la prévention du SIDA. Son rapport de recherche qui s'est achevé en 1997 n'avait jamais quitté les rayons des bibliothèques universitaires. 8 ans plus tard, le voilà opportunément publié avec peu de remaniements, ce qui explique un chapitre obsolète consacré au minitel. Une étude qui date d'une décennie peut-elle être l'ouvrage de référence d'une pratique en pleine évolution ? La question mérite d'être posée d'autant plus que ce livre est pour le moins subjectif.

Ce rapport obéit à une hypothèse qui transparaît à toutes les pages, dès le début (p 13): "Les gens touchent, se touchent, font l'amour, échangent les partenaires féminines[...]" (p. 13). On comprend vite que selon DWL, l'échangisme consiste à échanger des femmes plus ou moins consentantes, plus ou moins contraintes, pour le bonheur de la libido masculine à l'image de la pornographie. Il faut cependant attendre le chapitre 6 (L'entrée dans l'échangisme) pour lire explicitement cette hypothèse: "Les pratiques non conformistes correspondent en premier lieu au désir des hommes de vivre des relations sexuelles avec plusieurs femmes de manière successive et/ou simultanée. L'échangisme est une forme contemporaine de polygamie masculine. [...] Une de mes hypothèses centrales est que la fréquentation des clubs échangistes réfère à la même problématique. Nous serions en présence d'une gestion conjugale de la polygamie masculine des désirs, d'une forme moins arithmétique de partage."

Après avoir introduit tous les termes du marché, DWL explicite le mode de séduction dans un chapitre au titre explicite: "De la putain à la salope...". DWL nous explique que le groupe des hommes a toujours établi une division entre les femmes: les "mamans" et les "putains", au point de parler de polygamie entre les unes et les autres. Or la figure de la salope aurait tendance à remplacer celle de la putain dans l'imaginaire érotique masculin. DWL définit la salope comme la femme non vénale qui aime le sexe dans des formes qu'aiment les homes, et qui porte des tenues sexy définies par la pornographie.
"Pour garder leur conjoint, lui plaire, les femmes [échangistes] doivent se comporter en salope [...] Dans notre étude, nous avons rencontré de nombreuses femmes qui disent aimer la fréquentation des lieux non conformistes. Ces femmes reprennent pour partie les stéréotypes de la salope, tout en revendiquant leur propre plaisir dans cette représentation de soi et ces pratiques. Mais très souvent elles n'en adoptent pas le nom, préférant nettement le terme de libertine (p. 197)".

C'est à travers ce prisme que sont interprétées toutes les interviews citées dans ce livre. Le libre arbitre féminin proclamé par quelques libertines est relativisé, la domination masculine débusquée entre les mots. "La planète échangiste" donne donc une vision subjective du libertinage, comme l'avoue DWL lui-même dans son introduction "Le point de vue développé ici, le regard qui transparaît dans les mots utilisés, est mon point de vue, mon regard" (p. 10). Cette vision est aussi panoramique. Loin d'être centré sur les pratiques échangistes "classiques" des couples, DWL aborde le voyeurisme, l'urologie, la scatologie, le SM, ainsi que tous les acteurs, des couples aux hommes seuls en passant par les professionnels. On peut donc lire des choses étonnantes. Je suis ainsi très surpris d'apprendre que "La tendance en 2005 est d'ailleurs d'aménager des backs-rooms de rencontre dans les sex-shops." (p. 62), au point de douter de la qualité des personnes interviewées lorsque je lis "Partout, que ce soit en club d'échangistes ou en soirée SM, je n'ai jamais rencontré un autre Noir, jamais [interview d'une femme qui pratique essentiellement le SM]" (p. 132)

DWL avoue aussi volontiers sa difficulté d'appréhender les échangistes, et son livre manque cruellement d'analyses quantitatives. Ainsi, on ne saura pas combien de français pratiquent l'échangisme, et les seules statistiques sont établies à partir des petites annonces de swing! DWL en déduit probablement à juste titre une sur-représentation des hommes seuls (51 %), suivis des couples (39 %) et enfin des femmes seules (3 %), le reste pour les travestis, groupes constitués et autres transsexuels (p. 83).
Les analyses qualitatives de ces annonces sont en revanche nombreuses: "Non seulement, dans l'échangisme les hommes contrôlent le sens des échanges des partenaires, mais en plus ils imposent leurs symboliques érotiques pornographiques" (p. 92). En ce qui concerne l'omniprésence de la pornographie dans les annonces, on ne peut malheureusement pas lui donner tort.

Lire "La Planète échangiste" est probablement un excellent moyen de dégoutter les futurs libertins, avec ces descriptions caricaturales (la description d'une partouze sur la plage au cap d'agde - début du chapitre 17 - est un morceau d'anthologie) et ces commentaires orientés. J'ai certes déjà rencontré certains travers fustigés par l'auteur, mais sa vision détachée ne peut rendre compte des émotions vécues. Dans ce tableau désespérant, DWL semble tout de même esquisser l'amorce d'une féminisation de la sexualité collective, et par conséquent une renégociation d'un échangisme machiste au profit de valeurs plus féminines.

  10 Commentaires

Autres avis les plus récents :

Comparer
par dongiovanni H 29
25.10.2007

Intérêt 0/4
Style, qualité d'écriture 2/4
Note Générale 0/4
Les plus : Un ouvrage qui se veut complet,, mélangeant l'échangisme et d'autres pratiques sexuelles (SM, scato...) qui n'ont à mon avis pas grand'chose à voir.
les moins : Un livre daté (étude menée en 1995-96), partial et qui manquent cruellement de données quantitatives : il s'agit en fait d'un "point de vue" déguisé en étude sociologique et dont le sérieux n'est qu'apparent !

EN 1995, l'auteur mène une enquête qualitative (de deux ans, et non quatre) sur les pratiques échangistes, afin d'aider à lutter contre le SIDA. Dix ans plus tard, son travail est édité avec un certain souci de sensationnalisme, sans doute pour tenter de profiter de la vague échangiste. C'est, au choix, accablant ou comique : une étude vieillie (tout un chapitre consacré au minitel !), partiale (l'auteur a décidé une fois pour toutes que les femmes libertines sont en fait des objets sexuels idéologiquement asservies par les hommes, et aucune interview ne peut l'en faire démordre) et essentiellement qualitative, aucune statistique sérieuse ne venant éclairer cette "enquête" (à part une pitoyable recension de petites annonces). Cette pseudo-enquête n'est que vent et poudre aux yeux, sans aucune rigueur scientifique. Dommage, car le sujet mériterait qu'un vrai sociologue se penche dessus.