Les meilleurs avis sur les Poésies



  
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Editinter Les Sonnets Luxurieux - 2 Avis par Aretina F 399

  
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations 3/4
Description des scènes d'amour 4/4
Intérêt de l'histoire 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : "manuel" d'épicurisme appliqué, les illustrations, certaines références historiques qui sont un délice à déchiffrer! ;)
les moins : le coté "provoc" peut fâcher parfois, surtout quand l'Aretin insiste trop sur caricaturiser certains personnages historiques.

Les Sonnets luxurieux sont un des créations littéraires érotiques qui me fascinent sans limite.

L'auteur n'est autre que Pietro Aretino (Pierre l'Arétin), une des plus extravagantes et remarquables personnalités qui peuplèrent la très tumultueuse et passionnante époque de la Renaissance italienne. Ce monsieur a la langue leste et dangereuse, s'est paré du surnom le "Divin" (il divino Aretino) plus de 2 siècles avant un certain marquis français. Sa vie est une série d'aventures avant de s'établir définitivement dans la sérénissime ville de Venise en 1527. La il se gagna la réputation de "Fléau des princes", à cause des informations qu'il connaissait sur les sommités de l'époque et qu'il ne rechignait pas de répandre aux quatre vents.
Son entourage était formé par les intellectuels et artistes de Venise et ses fréquentations lui permirent également de côtoyer les fameuses courtisanes qui faisaient un des charmes de cette magnifique ville.
Avec Matteo Bandello et Brantome, il est la référence par excellence pour ceux qui ont un intérêt pour ce phénomène culturel qui furent les courtisanes honnêtes.

Vers 1525 il composa une série de 16 sonnets licencieux, plus connus comme les "Sonnets Luxurieux".
L'histoire est simple: le peintre Jules Romain décora un palais de Mantoue avec des belles peintures érotiques, qui furent ensuite multipliées sous forme de gravures par Marcantonio Raimondi dans un livre à illustrations pornographiques, nommé "I Modi" (Les Postures). Aretin, ayant consulté ce livre, composa des sonnets très très explicites pour chacune des 16 postures.
Évidemment qu'il ne manqua pas d'y mentionner des noms importants de l'époque pour charrier les personnages qui les portent.
(Il existe aussi une suite de 13 autres sonnets, qui se limitent a être injurieux et à ridiculiser les personnalités importantes de l'époque. Il n'en est pas question ici.)

Les Sonnets Luxurieux:

L'intérêt comme œuvre érotique ne s'en amoindrit: l'ardeur des amants, la fougue, le langage cru, les positions que l'on devine, tout est un déluge de volupté. La diversité des positions et certaines situations titillent l'imagination.

Ce recueil de sonnets  peut  faire reculer certains au coté fleur bleue prononcé, car les couples ne sont pas des couples d'amoureux. Et pourtant, ils sont animés d'une fougue vertigineuse et leur désinvolture est saisissante. Pour pointilleux en question de langage que l'on puisse être, on ne peut pas s'empêcher de frétiller en lisant des vers comme:

"Je voudrais me transformer toute en c...,
Mais je voudrais que tu fusses tout v...

Parce que si j'étais c... et toi v...
Je rassasierais d'un seul coup mon c...
Et tu aurais aussi du c...
Tout le plaisir qu'en peut avoir un v..." (Sonnet V, avec les points de suspension, comme ils apparaissent dans la version imprimée de la traduction faite par Guillaume Apollinaire)

Le langage est impitoyablement cru. Certes, Aretin cherche de provoquer chaque fois que l'occasion se présente. Et si l'occasion tarde a se présenter, il sait comment l'appâter. Mais le transport verbal des amants rappelle notre propre emportement sensuel.

Les sonnets sont particuliers, car ce sont des sonnets "à queue": à la fin de chaque sonnet il y a un tercet tout aussi émoustillant que le reste du sonnet. Comme un profond soupir de satisfaction qui couronne les ébats mémorables.

Tout ce que je peux dire: torride! Un étonnant échantillon d'épicurisme épuré au maximum!

  6 Commentaires

Originalité de ce type de texte   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Editinter Les Sonnets Luxurieux - 2 Avis par Lavax F 300

  
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations 2/4
Description des scènes d'amour 2/4
Intérêt de l'histoire 2/4
Note Générale 2/4
Les plus : Originalité de ce type de texte
les moins : Sonnets à clé, dimension ironique et satirique pesante

L'invention de la presse people au 16 eme siècle?!

Description
Composés vers la fin de 1525, à Mantoue, ces sonnets furent imprimés in-octavo, en 1531, à Venise, dans un volume contenant divers poèmes en vers - volume aujourd'hui conservé dans la bibliothèque de Gérard Nordmann.
La première édition française, par Alcide Bonneau, en 1882, chez Isidore Liseux et ses Amis, à Paris, a été tirée à 100 exemplaires, et porte la cote Enfer 67(5), à la Bibliothèque Nationale (consultable sur Gallica2). Quant à la première édition française avec la suite complète des dessins de Giulio Romano (1492-1546) - Romano était un élève de Raphaël -, gravés par Marcantonio Raimondi, qui avaient été imprimés pour la première fois en 1524 et avaient inspiré les Sonnets Luxurieux, elle paraît en 1904, sans lieu (à Paris), et porte la cote Enfer 927.

L'édition présentée, ici, est la traduction d'Apollinaire de 1909-1910, avec en postface un article de Maupassant, intitulé "l'Arétin", et publié dans Gil Blas, le 8 décembre 1885. Traduction Apollinaire consultable sur Gallica2, tome 2, p. 189 sq.
Article Maupassant consultable sur:
http://maupassant.free.fr/ Faire une recherche par le mot clé "Arétin".

Ces sonnets sont au nombre de 16 - il y avait 16 postures de Giulio Romano à illustrer. Et ont pour caractéristique formelle d'être des sonnets à queue ou colla coda: il s'agit de sonnets terminés par un tercet dont le premier vers est un hémistiche rimant avec le dernier vers du tercet précédent.
A noter que par rapport aux postures de Romano, les Sonnets Luxurieux proposent une interprétation toute personnelle.

Avis
Comme dans les Dialogues ***, on n'a nullement affaire, dans ces poèmes, à une pornographie neutre, badine, faite pour distraire le lecteur. La visée des Sonnets Luxurieux est immédiatement politique. L'Arétin utilise l'obscénité comme une arme de pouvoir. Ironie, satire, injures, ponctuent les vers, s'adressant à des contemporains, dont nous ne connaissons plus les noms.
Ce sont des textes à clé, inintelligibles pour des non-spécialistes. Des textes qui lassent quelque peu par la répétitivité des attaques: tel membre important d'une famille de Modènes est traité de poltron; telle courtisane est, avec ses partenaires, la risée - ceux-ci étant connus pour être impuissants. L'Arétin joue avec la rumeur, se fait véhicule de celle-ci.
Ces sonnets sont des portraits sarcastiques des troubles sexuels qui hantent les puissants, ou les fameux de l'époque. L'Arétin fait oeuvre de journaliste, comme le dit Maupassant.
Il a quelque chose encore d'un "parvenu de génie". Et certains vers sont trouvés; ainsi ceux que cite Aretina dans son compte rendu (mais faut-il rappeler que la traduction d'Apollinaire n'y est sans doute pas pour rien?)

Ces polémiques de presse, ces coupures de journaux, on les croirait aujourd'hui des textes de paparazzi!

Voilà, sans doute, la force et la faiblesse: l'Arétin invente un genre avec brio - la presse people! Mais quelle presse!

  14 Commentaires

Multi temporel, multi culturel, universalité   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Seuil Le Livre des amours : Contes de l'envie d'elle et du désir de lui - 1 Avis par darkdoudou H 155

  
Style, qualité d'écriture 4/4
Originalité des situations 4/4
Description des scènes d'amour 4/4
Intérêt de l'histoire 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Multi temporel, multi culturel, universalité
les moins : Aucun

A travers les âges, à travers les peuples, l'Amour et le Sexe sont deux choses qui font que l'Homme est l'Homme.
Ce recueil de contes érotiques permet de se rendre compte que la pulsion de vie est universelle par delà le temps et l'espace.
La femme et l'homme existe bien sur notre Terre grâce à la fusion de leurs esprits et de leurs corps, et ce quelques soient les cultures.

  4 Commentaires

Peu cher, format attrayant   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Points Anthologie. Poèmes érotiques français du Moyen-âge au XXe siècle - 1 Avis par Lavax F 300

  
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations -1/4
Description des scènes d'amour -1/4
Intérêt de l'histoire -1/4
Note Générale 2/4
Les plus : Peu cher, format attrayant
les moins : Première de couverture inappropriée, pas de notes informatives

Présentation
Ce volume est une forme abrégée de l'Anthologie de la Poésie Erotique Française (300 pièces environ au lieu de 900):
produit > anthologie poesie erotique francaise
La préface est une version remaniée, et écourtée de la très longue préface qui figurait dans l'édition Fayard.
Elle est relayée par quelques notes explicatives en bas de page.
Et 329 notes en fin de volume qui sont des notes érudites concernant les éditions utilisées.

L'orthographe des poèmes n'est pas modernisée. L'auteur a choisi de ne donner que des textes intégraux: on ne trouvera pas d'extraits.
Le tout est, comme dans la grande anthologie, classé par thème, et au sein de chaque thème, par ordre chronologique.

Avis
L'illustration de Ianna Andreadis en première de couverture m'a choquée. J'avoue n'avoir vu aucun point commun entre le but de l'ouvrage et cette image - j'y ai lu une intention monétaire: faire vendre le livre (invendable, mais réussi) de Goujon.
Pourquoi pas?
La préface a été retravaillée en ce sens, et on y trouve encore une des thèses chères à Goujon (empruntée à Fleuret): l'érotisme est une forme ancienne du comique. Il y a un lien essentiel entre érotisme et rire. D'où la liaison privilégiée de l'érotisme à la poésie, davantage à la chanson.
La décision de ne pas moderniser l'orthographe ne me gêne pas, mais il aurait fallu un apparat critique peut-être plus conséquent, a fortiori dans une édition de vulgarisation: nous ne savons plus lire la langue du Moyen-Âge, même si elle continue à chanter à nos oreilles.

Je regrette l'absence d'informations concernant les auteurs, malgré les quelques lignes d'introduction thématique.

Oeuvre populaire, l'érotisme se devait de réappartenir au peuple: la décision de Goujon ne va pas sans beauté.
Mais elle a quelque chose d'erroné: le peuple n'a pas toujours des intérêts qui coïncident avec ceux du grand commerce.

  2 Commentaires

Joli ensemble à la louange du corps féminin   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Editions 10/18 Blasons du corps féminin - 2 Avis par Lavax F 300

  
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations 3/4
Description des scènes d'amour -1/4
Intérêt de l'histoire -1/4
Note Générale 3/4
Les plus : Joli ensemble à la louange du corps féminin
les moins : Comme c'est un collectif, c'est assez inégal...

Ce volume est composé de "blasons". On désignait ainsi, au seizième siècle, un discours, une description, un portrait, mais encore une sorte de poésie louant ou se moquant d'autrui.
A la suite de Clément Marot qui composa le très mignon "Blason du beau tétin", à la cour de François Ier, la mode des blasons fut lancée.

On trouve, ici, rassemblés 21 auteurs de qualités très diverses, de Clément Marot, ou Maurice Scève, à Guillaume Bochetel, greffier de l'ordre du Roi.

Les blasons sont d'une description presque anatomique, de la tête aux pieds, en passant par l'ongle, le cul, ou le "...". La femme, mieux vaudrait dire la Dame, est l'objet de toutes les attentions, même quand la petite pièce n'est guère réussie, et la langue, quoi qu'il en soit, est toujours assez belle.
Ce ne sont pas des pièces sérieuses. La règle selon laquelle chaque partie du corps de la femme doit constituer l'objet d'un poème est très jolie.

Voici, en exemple, un extrait du "Blason du beau tétin" (Marot):

"Tétin refait, plus blanc qu'un oeuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fait honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin, voire,
Mais petite boule d'ivoire,
Au milieu de qui est assise
Une fraise ou une cerise (...)
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soir pour courir, soir pour baller,
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon (...)
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie, dedans les mains
De te tâter, de te tenir"...

Le volume contient, à la fin, un bref index.

A lire à petite dose, lors de conversations amoureuses, en amusement; à deux, ou en solitaire.

  5 Commentaires

Ecriture plate, édition agréable pour de la poésie   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Fata Morgana Jours Anciens - 1 Avis par Lavax F 300

  
Style, qualité d'écriture 2/4
Originalité des situations 2/4
Description des scènes d'amour 2/4
Intérêt de l'histoire 2/4
Note Générale 2/4
Les plus : Ecriture plate, édition agréable pour de la poésie
les moins : Ne donne pas une image complète de la production de Cavafy, ensemble hétérogène, édition peu commode, sans notes ni préface

Présentation
L'édition proposée par Fata Morgana comporte deux illustrations (frontispice et hors-texte)  de Yannis Tsarouchis (1910-1989). Selon les années d'édition du volume, celles-ci varient. Dans l'édition originale, de 1978, le frontispice présentait une sirène à deux queues; l'illustration hors-texte représentait un homme nu, assis sur une chaise, devant un miroir sur pied - l'illusion faisait qu'on croyait voir, d'abord, deux hommes face à face.
La traduction est assurée par Bruno Roy. On trouvera une autre traduction, dans la collection Poésie/Gallimard, par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras.

Constantin Cavafy est un poète grec né à Alexandrie (1863-1933), ville à laquelle il resta constamment attaché. Strictement poétique, son oeuvre se réduit à quelques rares poèmes. Cette édition a choisi de rassembler les poèmes "érotiques" ou "amoureux", soit 46 poèmes s'étendant de 1894 à 1932.

C'est une édition sans note ni préface. Il n'y a que le texte.

Avis
La poésie dite érotique de Cavafy est discrète, étonnamment plate, d'expression sèche.
C'est là une vision d'ensemble, car les pièces sont de qualité variée.
L'homosexualité (les "plaisirs interdits") s'exprime de manière répétitive, en des images banales. Certaines images sont même assez vulgaires: "leurs beaux visages, leur éclatante jeunesse".
J'ai fait connaissance avec la poésie de Cavafy d'abord avec l'édition de Marguerite Yourcenar, en Poésie /Gallimard (Yourcenar consacre une grosse présentation de 66 pages que je conseille), édition qui a l'avantage de donner à lire aussi bien les poèmes amoureux que les poèmes historiques, politiques, etc. Dès lors les poèmes amoureux n'apparaissent plus séparés d'un contexte historique, ils gardent quelque chose de la présence d'une géographie, même si, à juste titre Yourcenar remarque que n'importe quelle des pièces aurait aussi bien pu se passer à Paris. Il reste une ambiance, celle des cafés, tripots, des rues, habités des amours interdites - ambiance que l'édition séparée des seuls poèmes érotiques peine à recréer.
Il est vrai que l'édition Fata Morgana est plus immédiatement accessible au lecteur non au fait de l'histoire. L'inconvénient est que l'écriture devient lisse, que ça se lit en une heure à peine, que les détails que donne Cavafy nous échappent - la précision qu'il met à signaler les âges, par exemple, ou certains points matériels, perd son sens.

Texte calme - il ne se passe rien -, habité par la mémoire des anciennes amours, des corps désirés. Jouissance et beauté sont commémorées: c'est une poésie de la conservation et de la célébration.

  1 Commentaire

Contes indiscrets et licencieux, jeux de mots, quiproquos, épicurisme du 17 eme   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Gallimard Contes et nouvelles en vers - 1 Avis par Lavax F 300

  
Style, qualité d'écriture 4/4
Originalité des situations 4/4
Description des scènes d'amour 4/4
Intérêt de l'histoire 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Contes indiscrets et licencieux, jeux de mots, quiproquos, épicurisme du 17 eme
les moins : La langue du 17 eme peut gêner

On connaît bien souvent La Fontaine pour ses fables, on le connaît moins pour ses contes et nouvelles érotiques. Cela me tentait donc de faire un petit compte rendu sur ce texte d'un des plus grands poètes français.


Les "Contes et Nouvelles" a été publié en plusieurs livraisons sur 20 années et n'a jamais été réuni, du vivant de La Fontaine, en un seul volume: en 1665 paraît un recueil intitulé "Nouvelles en vers tirée [sic] de Boccace et d'Arioste", et signé "M. de L. F." (à Paris, chez Claude Barbin). Quelques semaines plus tard, paraît chez le même éditeur un second recueil: "Contes et nouvelles en vers de M. de La Fontaine"; en 1666, la "Deuxième partie des Contes et Nouvelles en vers de M. de La Fontaine" paraît chez Claude Barbin et Louis Billaine; trois autres contes parurent en 1667, à Cologne. La troisième partie parut en 1671 chez Barbin toujours. La quatrième, en 1674, fut publiée à Mons, chez Gaspar Migeon, sous le titre "Nouveaux contes de Monsieur de La Fontaine": impression clandestine, sans privilège du Roi; le nom de Migeon, au reste, n'existe pas.
La quatrième partie des Contes qui contient notamment le fameux et admirable conte: "Comment l'esprit vient aux filles", fut interdite en France par une sentence de police en date du 5 avril 1675: cet ouvrage, y lit-on, "se trouve rempli de termes indiscrets et malhonnêtes, et dont la lecture ne peut avoir d'autre effet que celui de corrompre les bonnes moeurs et d'inspirer le libertinage".
La cinquième partie, enfin, paraît en 1682; en 1684, La Fontaine est élu à l'Académie Française, déplorant, mais avec convenance, ses égarements passés... En 1685, de nouveaux contes sont publiés!


Comment présenter ces contes? Tâche plus que difficile quand il s'agit de parler de poèmes dont la langue est parfaite.
Des contes indiscrets, malhonnêtes, licencieux: oui!
Toujours enjoués et rusés: les mots y sont susceptibles de double sens, alimentant innombrables quiproquos et clins d'oeil; détourné par le contexte, le sens habituel devient friponnerie:
"(...)Aussitôt qu'il aperçut l'énorme
Solution de continuité,
Il demeura si fort épouvanté,
Qu'il prit la fuite (...)"
La "solution de continuité", ici, désigne le sexe d'une femme qui explique au diable que son mari la battant lui a laissé une plaie béante entre les cuisses.
Peu de termes par eux-mêmes érotiques: le coup de génie consiste à montrer que n'importe quel terme, selon le contexte, peut devenir érotique et libertin.
Tout est voilé, mais en transparence:
"Nuls traits à découvert n'ont ici de place
Tout y sera voilé, mais de gaze, et si bien
Que je crois qu'on n'en perdra rien"...


Cocuage (innocent ou volontaire), dépucelage, jalousie, revanche!
Les femmes particulèrement sont montrées sous un jour défavorable: elles rendent cocu leur époux par bêtise, sont dépucelées par bêtise, acquièrent de l'esprit ... par bêtise!

Comme les fables, les contes et nouvelles se finissent le plus souvent par une pirouette, un retournement.

Boccace, Rabelais, etc., sont les modèles de La Fontaine. On pense aussi à des vers du genre:
"Et la plaisir s'accroît quand l'effet se retire" (à lire à haute voix), ou encore:
"Certe cuis, Venus, illa tremens"... (à haute voix également).

N'oublions pas que La Fontaine faisait partie du cercle des épicuriens gassendistes qui réunissait alors Cyrano de Bergerac, Molière, ou La Mothe Le Vayer.

  11 Commentaires

Exemple réussi de supercherie littéraire, style féminin écrit par un homme, poésie érotique et sensuelle   
Catégorie : Librairie > Littérature érotique > Poésies - Produit : Gallimard Les Chansons de Bilitis - 1 Avis par Lavax F 300

  
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations 3/4
Description des scènes d'amour 3/4
Intérêt de l'histoire 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : Exemple réussi de supercherie littéraire, style féminin écrit par un homme, poésie érotique et sensuelle
les moins : Un peu décadent parfois?

Ce recueil de poésies est paru en 1894 à Paris, à la Société du Mercure de France, et fut présenté au monde littéraire comme une traduction du grec réalisée par Pierre Louÿs. Louÿs avait en effet déjà traduit les "Poésies" de Méléagre, et était connu comme un bon traducteur, connaisseur de l'hellénisme. La supercherie abusa d'abord la critique, d'autant plus que Louÿs faisait précéder les poésies d'une "Vie de Bilitis" où il retraçait quelques moments (fictifs) de son histoire: elle aurait vécu au VI eme siècle avant Jésus-Christ, d'abord en Pamphylie, puis à Mytilène, et enfin à Chypre.

Poésies en prose, "Les Chansons de Bilitis" sont construites en quatre moments (elles comprennent 158 poèmes):
- Bucoliques à Pamphylie;
- Elégies à Mytilène;
- Epigrammes dans l'île de Chypre;
- Le Tombeau de Bilitis.

La première partie retrace la jeunesse virginale et érotique de Bilitis, ses amours pour le jeune Lykas: période des amours naissantes, de l'impatience, des premiers désirs, des corps à peine éclos, des seins fermes et petits, des comparaisons entre jeunes filles, mais aussi des premières rêveries érotiques entre Bilitis et son amie Sélénis, où Sélénis apparaît sous les traits de Lykas.

La deuxième période est celle des amours sapphiques: Bilitis est amoureuse folle de la belle Mnasidika. Ce sont caresses féminines, mais bientôt jalousies et tortures: je suis pour elle un jouet, se dit Bilitis. Les objets deviennent investis de cet amour douloureux: Bilitis offre une étrange poupée de cire à celle qu'elle aime, une poupée aux joues roses qui fond au soleil, et dont les bras sont attachés par de petites chevilles. Bilitis rêve encore de crever les yeux de sa belle avec une aiguille, si ceux-ci un jour ne la regardent plus.
Ils ne la regarderont plus.

Troisième période: à Chypre, Bilitis devient courtisane - vie de parfums, voluptés, chairs en fleurs, seins gonflés, ventres épanouis, bijoux. L'amour est présenté comme un art - art difficile; mais Bilitis a tout appris pour son dernier amant - elle est vieille, s'apprête à mourir.


Alors que j'avais trouvé d'autres pièces de Louÿs ennuyeuses, ces poésies dégagent de la beauté, de la sensualité - je ne dirais pas toutefois que j'y adhère pleinement.
Il me semble que Louÿs écrit, ici, de manière assez féminine. C'est en tout cas un style qui retient:
"Dès qu'il est en moi, je ne sais rien du monde" - plus simple qu'ailleurs, plus accessible à nos oreilles actuelles.

  3 Commentaires