Les meilleurs avis sur les Essais et philosophie



Belle couverture avec une photo de roman-photo de Ellen von Unwerth _Revenge_, texte captivant: humour fin et provoquant,   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Scali Sade revu et corrigé pour les filles : Traité d'éducation et punitions, si méritoires - 3 Avis par Aretina F 399

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Belle couverture avec une photo de roman-photo de Ellen von Unwerth _Revenge_, texte captivant: humour fin et provoquant, "instruction" d'une subtilité delicieusement subreptice.
les moins : Toujours la couverture: broché, donc pas tres résistente! Et pour les perfectionnistes: il y a eux fautes d'orthographe dans le texte.

Admiratrice avouée de Sade, Chloë Des Lysses a transformé sa plume en pinceau à l'effet de retoucher un peu le portrait du Divin Marquis, qui a été tracé sans pitié pendant deux siècles. C'est une invitation (très réussie!) à (re)lire Sade avec  les yeux et la mentalité de nos jours. On nous incite  écouter la voix du marquis, celle qui nous anime à laisser libre cours à nos envies, de vivre nos désirs.
Les aventures et péripéties des héroïnes et héros sadiens sont imaginaires, mais c'est le message qui compte: ayez le courage d'explorer et vivre vos désirs! Pas de façon anarchique, ça va de soi. C'est avant tout sonder davantage dans notre imaginaire, pour mieux nous connaître, pour mieux gravir vers nous-mêmes.
Chloë des Lysses n'est point une instigatrice. Par contre elle ne cesse pas de souligner l'importance du consentement mutuel et la capacité du choix judicieux de nos actions.

La lecture est magnétique: on prend le livre et on ne le lâche pas avant de l'avoir fini! Que cela ne tienne aux 265 pages: ce livre est comme un château magique: une fois à son intérieur, c'est la chasse aux trésors et on doit parcourir tout et inspecter chaque recoin! Comme si on avait deviné cet effet, le livre est illustré par les copies des gravures  exécutées pour orner l'édition hollandaise de 1797 de "La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la Vertu, suivie par l'Histoire de Juliette, sa soeur, ou les Prospérités du Vice". Cela fait une décoration parfaite pour les murs du château!
On parcourt avidement les 5 châpitres à travers lesquelles l'auteure tâtonne, éveille ou parfait la petite sadienne qui sommeille en nous en la faisant assister à des scenes choisies pertinemment. Pour ficeler encore davantage la lectrice charmée, il y a le test: "Êtes-vous Justine ou Juliette?"

La cerise sur le gâteau: la photo sur la couverture, qui présente la sculpturale Janelle Fishman, les poignets enchainés au chauffage, jette vers ses tortionnaires un regard enceint de rage et prêt à accoucher la vengeance.
Afin de connaitre son histoire, on peut visiter la page indiquée par le suivant lien:
http://home.frognet.net/~mcfadden/evu/Ellen_von_Unwerth_Revenge.htm

Bonne lecture!

 

Sérieux, très instructif, mais en même temps vivant et passionnant   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Seuil Histoire du viol du XVIe au XXe siècle - 1 Avis par Marii F 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Sérieux, très instructif, mais en même temps vivant et passionnant
les moins : Les sources utilisées sont très principalement juridiques et factuels, j'aurais aimé que la perception des faits par les victimes, agresseurs et autres personnes impliquées ait une plus large place.

Georges Vigarello, ancien professeur d’éducation physique, agrégé de philosophie, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, est un spécialiste du corps qu’il a étudié sous différents aspects : hygiène (Le propre et le sale), santé (Le pur et l’impur, Histoire des pratiques de santé), apparence (Histoire de la beauté), pratiques sportives (Du jeu ancien au show sportif : la naissance d’un mythe) mais aussi violences faites au corps, avec cette histoire du viol du 16e siècle à nos jours.

Les agressions sexuelles ont connu une croissance très forte au cours des dernières décennies. Le point de départ de l’ouvrage de Georges Vigarello est l’interrogation qui découle de ce constat : faut-il y voir un accroissement réel du nombre de crimes et délits commis ou bien une évolution de la vision que notre société a des violences sexuelles ? La réponse à cette question nous est donnée dès les premières pages de l’introduction : c’est la seconde hypothèse qui est la bonne. Cette évolution des mentalités résulte de plusieurs facteurs développés dans le corps de son ouvrage, selon une approche chronologique :

- perception de la violence : La société d’ancien régime était une société violente. Si les châtiments prévus par la législation pour punir le viol ont toujours été sévères, ils ont bien longtemps été très peu appliqués. D’une part, les châtiments cruels et spectaculaires avaient valeur d’exemple et visaient à dissuader, la justice ne pouvant suffire à réprimer tous les crimes commis. Le crime le plus redouté et le plus puni était le vol. L’intérêt accordé au viol était faible. Il n’était pas rare qu’un arrangement à l’amiable soit trouvé, impliquant une compensation financière, et même signé devant notaire ! D’autre part, si un viol était accompagné de blessures ou de meurtres, que ce soit sur la victime ou d’éventuels défenseurs ou intervenants, le viol était souvent tenu pour quantité négligeable lors de l’instruction de l’affaire et à peine mentionné. Au fur et à mesure que la société est devenue plus sûre, le seuil de tolérance de la violence s’est progressivement abaissé.

- perception de la victime : Avant la révolution, un nombre important de viols étaient jugés en tant que rapts ou même en temps qu’adultères. L’offense n’était pas tant faite à la femme qui avait subi le viol qu’à l’homme en puissance de qui elle était, père ou mari. Bien évidemment, c’est de l’évolution de la condition féminine qu’il est ici question, mais pas seulement. Ce qui intéressait les juges, c’était de déterminer s’il y avait eu pénétration vaginale (honneur perdu si déchirément de l’hymen, possibilité de conception d’enfants illégitimes). De ce fait, les viols commis sur des victimes de sexe masculin ont longtemps joui d’une quasi-impunité. C’est seulement depuis la réforme de 1992 que le code pénal traite de façon égale les violences sexuelles contre les deux sexes. Tout au long de la période étudiée, les viols perpétrés sur les enfants ont été plus souvent jugés que les viols sur les adultes. Sous l’ancien régime, cela s’expliquait essentiellement par l’importance de la virginité, mais aussi par le fait que les agresseurs s’attaquaient de préférence, par facilité, aux plus faibles : victimes jeunes et/ou de basse condition sociale. Au 19e siècle, la vision de l’enfant a évolué, le public est devenu progressivement beaucoup plus sensible aux violences commises contre les plus jeunes. Mais les violences ainsi stigmatisées étaient les violences physiques et mauvais traitements. Les violences sexuelles étaient relativement occultées. C’est seulement au 20e siècle que leur dénonciation a pris l’ampleur que l’on connait.

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Le style, les extraits de l'œuvre, divers éclairages, lecture aisée…   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Scali Sade revu et corrigé pour les filles : Traité d'éducation et punitions, si méritoires - 3 Avis par Loguil H 300

  
Intérêt 2/4
Style, qualité d'écriture 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : Le style, les extraits de l'œuvre, divers éclairages, lecture aisée…
les moins : Un peu superficiel, a les (grandes) qualités de ses (petits) défauts (et non l'inverse).

Je serai un peu moins enthousiaste qu'Arétina car cela sent l'ouvrage de commande mais il est plaisant de voir que le sujet a été traité avec sérieux et humour dans une perspective plutôt féministe et hédoniste.
Un mot sur l'auteure, égérie du Porn Art (chercher le terme), pigiste talentueuse devenue photographe. Jeune femme instruite, pas forcément soumise (sinon par jeu), Chloë des Lysses a su se documenter et correspondre aux canons de la presse féminine abordant des sujets lestes. Mais sans tomber dans le moralisme niais (on est coquines mais au fond, transgresser un peu c'est conforter notre couple, et la si magnifique institution du mariage, du pacs et du concubinat, au choix). Ni refuser d'aborder tout ce qui ferait réfléchir plus de dix secondes (ce n'est pas tout à fait un ouvrage pour les « blondes »). Bref, cela va plus loin que ce que recherchent celles et ceux trouvant plaisant et bon chic de voir et d'être vus dans des lieux fétichistes.

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Clarté des arguments, De l'humour, Grande finesse.   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Denoël le Premier Sexe - 1 Avis par Chateign F 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 3/4
Note Générale 4/4
Les plus : Clarté des arguments, De l'humour, Grande finesse.
les moins : Quelques légères répétitions.

En résumé
Après des décennies de féminisme triomphant, l'heure du retour des hommes a-t-elle sonné?
Avec sa verve et son talent habituels, Eric Zemmour dresse le combat accablant de la féminisation des hommes et s'interroge sur leur avenir.
Un livre choc, un éloge de la masculinité à rebrousse-poil de tous les clichés sur les rapports entre les sexes.

L'avis de la Fnac
Feu le macho. Cet authentique poilu à la voix de stentor n’est plus. Nourri au lait du féminisme, l’homme d’aujourd’hui s’épile, a des rêves de midinette et cherche l’amour éternel. L’homme idéal ? Un transfuge qui s’est débarrassé de l’encombrant poids entre ses jambes et qui laisse s’épanouir la femme qui est en lui... Mais n’en déplaise à certaines, l’égalité ne signifi e pas similitude, et la désertion masculine n’ira pas sans frustration, nous prédit l’auteur, qui prône, dans cet essai pertinent, et irritant parfois comme une barbe de trois jours, le retour de la virilité.

Mon avis
Ce livre a fait polémique. Et comme je le comprends... Comme il est facile de le prendre dans le mauvais sens. Il est temps d'arrêter les mangas ! Reprennons la lecture de gauche à droite et savourons... Sabrez vos susceptibilités. L'homme et la femme sont mis sous le microscope, décortiqués, analysés... et avec une grande finesse ! Je ne saurais en dire plus ! Je l'ai lu en une nuit et le recommande !

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Clarification de concepts, travail sérieux, index, édition 2007 reliée pleine toile   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Les Belles Lettres Eros Adolescent: la Pédérastie dans la Grèce Antique - 1 Avis par Lavax F 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : Clarification de concepts, travail sérieux, index, édition 2007 reliée pleine toile
les moins : Forme d'érudition assez ancienne, données scientifiques "contemporaines" obsolètes, iconographie insuffisante, un peu long

Présentation
Le Père Félix Buffière, professeur de langue et de littérature grecques à l'Institut Catholique de Toulouse, est connu pour différents travaux sur la pensée grecque, sur les mythes homériques (1957) notamment. Eros Adolescent est originalement publié en 1980.

Confondue à tort avec l'homosexualité (sans doute à cause du raccourci "pédé" ou du dérivé "pédale"), la pédérastie est souvent associée à l'amour charnel: amour physique pour les enfants, relations vicieuses et anormales entre personnes de même sexe et d'âges différents, telle est la vision spontanément erronée que nous avons de cette pratique.
Le travail monumental de Buffière sur la pédérastie en Grèce antique reste une référence pour la clarification de ces notions dont la modernité ne cesse aujourd'hui de se saisir: pédérastie, homosexualité, pédophilie.
La pédérastie désigne en réalité un sous-ensemble de l'ensemble "homosexuels": le pédéraste est l'éraste, c'est-à-dire l'amoureux d'un païs, garçon non encore adulte. Il importe cependant de préciser ce que signifie païs: dans l'Antiquité, ce terme, ainsi que celui de païdika, renvoient à l'âge de la première barbe; les éromènes (les aimés) sont donc non pas des enfants, mais ce que nous nommerions aujourd'hui des adolescents. Quant aux érastes, ils ont entre 20 et 30 ans, selon les cités grecques envisagées (à Spartes, on a des amitiés entre des jeunes hommes de 18-20 ans pour des garçons de 12-18 ans; ou bien des amours d'hommes d'âge mur pour des jeunes hommes).

D'autre part, comme on le voit par la fixation d'un âge dans la relation qui unit éromène et éraste, et comme le montre encore le fait que l'éraste doit laisser l'éromène dès que celui-ci devient homme et a de la barbe, l'amour des garçons, chez les Anciens, est un fait culturel et social: c'est la condition nécessaire de toute éducation virile, davantage militaire. A Spartes par exemple, dès 7 ans, l'enfant n'est plus élevé par la famille, mais par l'Etat, et soumis à un régime communautaire: à l'âge de 12 ans, un ou plusieurs érastes en deviennent responsables. En Crète également, le rapt de l'éromène pendant 2 mois est la condition pour que celui-ci reçoive un équipement de guerre.

Il y va d'abord d'une éducation au courage, à l'honneur, à la vaillance.

Selon les peuples cependant, on distingue des relations purement spirituelles, et d'autres au contraire charnelles.
Quoi qu'il en soit,

"les grecs ont condamné l'homosexualité, qui choquait leur goût et leur sens esthétique"
.
Lorsque l'adolescence est terminée, les relations entre hommes (qui, par conséquent, ne visent plus l'éducation au courage) sont considérées comme perverses.

A signaler qu'à Spartes, un même système existait pour les jeunes filles (une femme de mérite se chargeait d'élever l'adolescente).

Avis
L'ouvrage procède à la fois historiquement et géographiquement: on se rend compte de la diversité culturelle de la pédérastie. Et la masse de données accumulées par Buffière permet de montrer la différence entre pédophilie***, pédérastie, homosexualité.
Quelques regrets toutefois: l'érudition est celle des années 1980, et donc n'obéit plus aux règles actuelles (on sera déçu par certaines données contemporaines). Les faits sont insuffisamment synthétisés.
Le style n'est parfois pas adéquat au genre de l'ouvrage.
Enfin, l'iconographie est insuffisante. Les index pourraient être davantage enrichis.

A lire, si l'on souhaite se documenter, si l'on aime l'histoire, ou tout simplement si l'on a envie de comprendre un peu plus les catégories toutes faites de notre époque.
Buffière nous invite à nous interroger sur des questions de définition, sur des faits de société. ***S'il n'avait assurément pas assez de documents pour poser clairement la question de la pédophilie (de documents journalistiques et de matière factuelle), son analyse de la pédérastie est un modèle pour la pensée - malgré les défauts signalés.

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Un chef d'œuvre !   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Garnier Flammarion Le Banquet - 3 Avis par blue H 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Un chef d'œuvre !
les moins : propos un peu superficiels… OK je déconne!

Ce livre n’a pas pour but d’émoustiller, mais de développer une réflexion sur le désir. C’est un pur bonheur à lire. Comme le remarquait Lavax, c’est un dialogue très riche. Ce qui est plaisant, c’est que le ton est frais, et que l’ensemble est très digeste. Il n’est pas exempt de plaisanteries, et la qualité oratoire Y est particulièrement jubilatoire.
Les notes sont précises mais visent parfois des lecteurs érudits en la matière. L'introduction quant à elle est pédagogique et claire.

Composition :
On peut le diviser en quatre moments.
1 un préambule qui explique la transmission du récit (il y a tout au cours de ces dialogues de multiples niveaux de narration, sans que le propos ne perde en clarté, ce qui est remarquable).
2 les discours sur Eros que tiennent les convives du banquet.
3 le discours de Socrate qui s’opère sous forme d’un récit.
4 L’éloge que fait Alcibiade de Socrate, et qui nous permet non seulement de connaître d’avantage des qualités de cet homme hors du commun, mais aussi qui permet donner des indices sur la mise en pratique par Socrate de ses considérations théoriques.

---Quelques très bonnes raisons de lire ce livre:
Les Eloges d’Eros réalisés par les autres convives:


Voici quelques unes des idées très riches que l'on trouve dans ces discours, présentées de façon très sommaire dans l'espoir de vous donner juste l'eau à la bouche…

- La distinction des deux Eros par Pausanias : le premier est dit « vulgaire » et le second est appelé « céleste »… reste éclairante aujourd'hui …

-La pédérastie: Il est amusant de remarquer que seule la relation entre deux hommes est envisagée ici comme pouvant participer de l'éros céleste. Luc Brisson dans son introduction explique très clairement en quoi la pédérastie est à distinguer de la conception actuelle de l'homosexualité. Elle est une relation fondamentalement dissymétrique et hiérarchisée.

-Le mythe de l'androgyne par Aristophane: il illustre, tout en en étant aussi une des sources, la conception fusionnelle de l'amour comme la découverte de "l'âme sœur".

-l'Eros comme source des vertus morales: Cette idée est déjà présente chez Phèdre, mais c'est chez Agathon que l'Eros apparaît comme pacificateur… Tiens, ça me rappelle un vieux slogan… mais bon, je m'abstiens!

---Pourquoi faut-il absolument lire ce livre:
La richesse de la position Socratique:


-Pour la place que Socrate fait à la dimension féminine:
Dans les discours précédents, même comme objet de désir, le féminin était considéré comme inférieur au masculin (ce qui est un des axiomes de la pédérastie grecque). Socrate quant à lui préfèrera rapporter les propos d'une femme qu'il juge bien plus savante sur la question que ne l'ont été ses compagnons mâles dans leurs éloges. De plus, la définition que Diotime fait d'Eros le rattache à l'expérience intime féminine de l'enfantement: "Il est l'amour de la procréation et de l'accouchement dans de belles conditions" (206e)

-Parce qu'il dégage la thématique essentielle de l'altérité.
Socrate s'oppose au mythe d'Aristophane qui conçoit le désir comme volonté de retrouver une partie de soi. Il répond avec Diotime qu'il ne peut y avoir de désir de ce que l'on possède déjà: il n'y a de désir que du manque. L'amour n'est donc pas la recherche du même, mais de l'autre.
C'est d'ailleurs pourquoi Socrate refuse de faire un éloge d'éros qui consisterait à lui attribuer toutes les qualités, il préfère la démarche de Diotime de le décrire tel qu'il est:

-«D'abord il est toujours pauvre, et il s'en faut de beaucoup qu'il soit délicat et beau, comme le croient la plupart des gens. Au contraire, il est rude, malpropre, va-nu-pieds et il n'a pas de gîte, couchant toujours par terre à la dure, dormant à la belle étoile sur le pas des portes et sur le bord des chemins, car, puisqu'il tient de sa mère [Pénia], c'est l'indigence qu'il a en partage. A l'exemple de son père [Poros] en revanche, il est à l'affût de ce qui est bon, il est viril, résolu, ardent, c'est un chasseur redoutable ; il ne cesse de tramer des ruses, il est passionné de savoir et fertile en expédients, il passe tout son temps à philosopher, c'est un sorcier redoutable, un magicien et un expert.» (203c-d).


-Pour l'importance donnée à la dimension charnelle et sensible.
Lavax dans son avis a très bien montré que Platon loin de dénigrer systématiquement le sensible lui donne une place essentielle. La magie qu'opèrent les désirs charnels, est une voie essentielle de l'enrichissement de l'âme. Pour une critique de l'approche qui consiste à réduire la pensée de Platon à un dualisme sommaire, et pour un résumé de l'ascension de l'âme vers l'intelligible, rapportez vous à l'avis de Lavax qui est remarquable sur ces points là aussi.
L'amour physique a donc une place importante dans la philosophie Socratique, car il est une étape de la meilleure voie qui conduit au bien suprême (celle de l'éros). La question est de savoir si cette étape essentielle qu'est la sexualité, ne se limite pas à un rôle propédeutique ? N'est-elle pas comme une échelle qui n'a plus d'utilité une fois cette partie de l'ascension terminée ? (La suite de l'ascension devant se faire par des moyens moins charnels: des beaux corps on passe aux belles connaissances….).
L'éloge qu'Alcibiade fait de Socrate, n'est pas une simple digression par rapport au thème du banquet, elle permet d'apporter un éclairage sur cette question. Et là, je vais me permettre de contredire Lavax (mais sur un point de détail): Socrate est bien amoureux des beaux garçons, mais il ne fait pas l'amour avec eux… Un philosophe comme Socrate continue de rechercher la proximité physique avec les beaux garçons ; pourtant il ne les touche pas, ce qui pousse même les aimés à prendre des initiatives normalement réservées aux amants, et cela sans succès. La dimension charnelle reste donc essentielle, mais sous l'angle du désir, et non de son assouvissement: le plaisir….

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Approche originale, références littéraires et cinématographiques   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : La Musardine De la fellation : Comme idéal dans le rapport amoureux - 1 Avis par Marii F 300

  
Intérêt 2/4
Style, qualité d'écriture 2/4
Note Générale 2/4
Les plus : Approche originale, références littéraires et cinématographiques
les moins : Manque de substance, ça fait trop discours du Café du Commerce

J’ai acheté ce livre sans rien connaître de son contenu, juste parce que son titre m’amusait et me plaisait.

J’ai eu une heureuse surprise en le recevant. En effet, l’auteur est critique de cinéma et s’est proposé de traiter de la fellation aujourd’hui à travers la littérature et le cinéma. Cette perspective originale me semblait très prometteuse. Et, en effet, la lecture du premier chapitre a été pour moi assez jubilatoire, m’a remis en mémoire certaines de mes lectures et m’a donné envie de voir ou de revoir pas mal de films. Puis, malheureusement, mon enthousiasme est retombé.

Dès la première page, il règle en quelques lignes son affaire au rapport Kinsey et à son retentissement, arguant que les sondages ne sont pas ni pertinents ni fiables en matière de sexualité. Lui, donc, s’intéresse au cinéma, à la littérature, à la presse, qui sont des miroirs de notre époque et, inversement, influencent la société. Que tire-t-il de ses sources ? La problématique suivante :

Or, ce que tout un chacun peut constater, ici, maintenant, c’est la contradiction entre une sorte de démocratisation (ou de banalisation) de la fellation et les réticences qu’elle continue de soulever, voire la courante médiocrité de son exécution.


Il va donc s’intéresser au pourquoi de ces réticences et de cette médiocrité en s’appuyant sur un sondage (tiens donc !) qu’il a trouvé dans l’Histoire raisonnée de la fellation de Thierry Leguay (qui, coïncidence, se trouve justement dans ma pile à lire – il va falloir que je songe à créer la fiche un de ces jours :-) ). Ce sondage réalisé aux Etats-Unis portait sur les 10 pratiques préférées des hommes et des femmes. La fellation arrivait en tête pour les hommes, en dernier pour les femmes. Notre auteur théorise donc sur le pourquoi de cette popularité auprès des uns et de cette impopularité auprès des autres et, pour améliorer la qualité des prestations féminines, propose quelques règles de bonne pratique.

Le problème, c’est que ses références littéraires et cinématographiques sont plus des illustrations de ses propos parsemées ça et là qu’un appui, une source réels. J’ai le sentiment désagréable que tout ce qu’il énonce n’est que sa vision des choses et le fruit de son expérience. Ce qui n’est pas problématique en soi. Mais là ça fait vraiment discussion du Café du Commerce. Et je lui trouve une vision de la sexualité assez étriquée.

Déjà, la fellation n’est envisagée que d’une femme à un homme. La fellation pratiquée entre hommes n’est que rapidement envisagée, comme un possible fantasme d’homme hétérosexuel. Il y a un chapitre sur la circoncision qui m’a fait penser à la discussion sur ce sujet et qui, à mon avis, ferait bondir certains clubbiens. Plus gênant, il rappelle les recommandations concernant l’utilisation du préservatif pour éviter certaines maladies désagréables mais les traite avec ironie et déclare qu’une fellation perd tout intérêt à ses yeux si elle est faite avec un préservatif. Je suis loin d’être une amatrice de plastique mais ça me gêne un peu comme discours.

Je ne résiste pas au plaisir de dire deux mots des motivations des femmes pour faire une fellation. Il décompose les fellations en deux types : la fellation stratagème, visant à éviter la pénétration vaginale, et la fellation utilitaire, visant au contraire à provoquer celle-ci. Un troisième type : la fellation plaisir n’est évoqué que beaucoup plus loin et juste en passant. A croire que ça relève de l’exception ! :-)

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Richesse des informations, qualité du travail   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Gallimard La Vie Sexuelle dans la Chine Ancienne - 1 Avis par Lavax F 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Richesse des informations, qualité du travail
les moins : Index peu commodes, et ne répondant pas aux critères de l'érudition actuelle, iconographie en noir et blanc

Informations concernant l'édition
La vie sexuelle dans la chine ancienne est paru pour la première fois en 1961 à Leiden, chez Brill, sous le titre Sexual Life in Ancient China, a Preliminary Survey of Chinese Sex and Society from ca 1500 B.C. till 1644 A.D..
L'édition française, chez Gallimard, date de 1971, et est traduite de l'anglais par Louis Evrard. Tous les passages en latin qui, dans l'édition originale, correspondaient à des passages crus et réalistes ont été traduits en français.
La transcription, pour les termes chinois, suit, dans ses grandes lignes, le système de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.

Le volume avait été précédé, en 1951, d'un ouvrage d'estampes: Erotic Colour Prints of the Ming Period, que Van Gulik jugea quelque peu approximatif pour sa partie historique. Des exemplaires furent déposés notamment en France - au Musée Guimet, à la Bibliothèque Nationale, à la Bibliothèque de la Sorbonne***.

Présentation générale
L'ouvrage s'appuie essentiellement sur la conservation, à partir du VII eme siècle, au Japon, de textes chinois relatifs aux questions sexuelles, et d'albums érotiques de l'époque Ming. Il ne se réduit pas à la description de la stricte vie sexuelle et aux techniques sexuelles, mais les resitue également dans le contexte historique, économique, et social: habitudes d'habillement, situation de la femme, religions taoïste, confucianiste, bouddhiste, rapports culturels entre hommes et femmes, termes utilisés pour désigner la menstruation, le mariage, etc, toutes ces données sont présentes, de telle sorte que quelqu'un qui ne connaîtraît rien à la Chine pourrait s'y retrouver.

La division est chronologique: 4 parties vont de 1500 avant J.C. à notre ère environ; de celle-ci à 600; de 600 à 1200; de 1200 à 1644 (van Gulik décide de terminer son enquête avec la dynastie Ts'ing (1644-1912), dynastie qui modifia complètement l'histoire de la sexualité en Chine, et s'efforça d'effacer l'ancienne liberté sexuelle chinoise qui l'avait précédée).
Les 4 parties se subdivisent en 10 chapitres, chronologiquement ordonnés, dont certains sont plus particulièrement orientés sur un thème: le chapitre VI porte plus spécialement sur les manuels de sexe; le VII sur le rapport entre littérature érotique et médicale, et sur la haute prostitution; le VIII, sur la coutume des pieds bandés.
De cette façon, chronologie et thématique se croisent et s'articulent harmonieusement, et l'on n'est pas perdu dans le détail des dates ni des noms.

L'ouvrage comporte 22 illustrations dans le texte, ainsi que 23 planches hors texte; un ensemble d'index, des appendices.

Quelques indications sur le contenu
Il est impossible de résumer en entier la Vie Sexuelle. Je ne donnerai que quelques indications.
Depuis la plus haute antiquité, mais l'expression semble se figer plus particulièrement au III siècle avant J.C., l'acte sexuel est désigné par l'expression "nuages et pluie" (yun-yu); les nuages représentent les ovules de la terre, ses sécrétions; et la pluie, le sperme du ciel.
Fan-yun-fou-yu, "les nuages renversés et la pluie en sens inverse", expression plus tardive, semble-t-il, désigne l'acte homosexuel masculin (on trouve aussi toan-hsieo: couper le manche, par allusion à un empereur Han, dont l'ami s'était endormi sur la manche de son vêtement, et qui préféra, pour se lever, couper cette manche, plutôt que réveiller son ami).

A la différence de la vision européenne contemporaine qui fait du baiser un accompagnement de l'acte, ou un moment le précédent, l'acte sexuel chinois d'avant 1644 comprend le baiser sous toutes ses formes - raison pour quoi on ne pratique pas le baiser en public.

Les préliminaires (dont fellation, sodomie, cunnilingus, sont des modalités...) sont considérés comme décisifs et font l'objet d'instructions spéciales dans les manuels de sexe.
Ces derniers constituent une branche spéciale de la littérature médicale; ce ne sont pas, comme on les présente aujourd'hui dans la littérature de vulgarisation, des ouvrages pour le divertissement, mais des ouvrages d'instruction - ouvrages médicaux destinés à expliquer comment pratiquer l'acte sexuel pour que celui-ci soit bénéfique à la santé:
- s'efforcer d'amener la femme à l'orgasme est un des points fondamentaux de l'hygiène sexuelle;
- ne pas éjaculer est le second point pour renforcer son pouvoir vital (à l'exception des 5 jours qui suivent la menstruation, où l'éjaculation en vue de la procréation est autorisée); on veillera aussi à rester le plus longtemps dans la femme pour accroître sa puissance.

L'acte sexuel s'incrit dans l'ordre de la nature. Et, avant les Ts'ing, aucune dimension de répression ne vient le restreindre, en dehors de ces règles d'hygiène (le commerce des hommes et des femmes n'est pas interdit, la femme a un statut décisif dans la chambre à coucher, etc).

Avis personnel
Un excellent ouvrage, pour tous ceux qui s'intéressent à la Chine, ou au taoïsme.
Le seul reproche que je lui adresse, c'est qu'on est quasi obligé de le lire en son long (!); il est impossible, pratiquement, de le lire à partir des index, comme on fait aujourd'hui avec les ouvrages érudits. Bref, on retrouve les vieux livres, dont la règle était qu'il fallait les lire!! Est-ce un défaut??

A signaler: Van Gulik a traduit par ailleurs un roman policier chinois, et est l'auteur de toute une série de romans policiers excellents, dont le personnage principal, inspiré du roman qu'il a traduit (Trois affaires criminelles résolues par le Juge Ti, roman anonyme du XVIII eme siècle, d'après un personnage historique du VII eme siècle), s'appelle le Juge Ti.

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Exhaustivité   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Payot La planète échangiste : Les sexualités collectives en France - 2 Avis par vagant H 125

  
Intérêt 2/4
Style, qualité d'écriture 2/4
Note Générale 1/4
Les plus : Exhaustivité
les moins : Partialité, obsolescence, sensationnalisme, caricatural

La libertine est l'otage du désir masculin et fait l'objet d'un troc qui ne dit pas son nom. Tel est le credo de "la planète échangiste" de Daniel Welzer-Lang, devenu depuis sa parution l'ouvrage de référence sur l'échangisme. Fort de ses quatre années d'enquête sur le terrain, DWL en est devenu le théoricien incontesté. Cette légitimité est-elle bien justifiée ?

La couverture est sensationnaliste: "Ce livre est un événement. Pour la première fois, toute la lumière est faite sur la "planète" échangiste [...] L'immense enquête de terrain menée pendant quatre ans par Daniel Welzer-Lang [...] n'avait jamais été publiée.". L'introduction resitue le contexte. Dans les années 1995, DWL et son équipe ont enquêté sur l'échangisme avec pour louable objectif la prévention du SIDA. Son rapport de recherche qui s'est achevé en 1997 n'avait jamais quitté les rayons des bibliothèques universitaires. 8 ans plus tard, le voilà opportunément publié avec peu de remaniements, ce qui explique un chapitre obsolète consacré au minitel. Une étude qui date d'une décennie peut-elle être l'ouvrage de référence d'une pratique en pleine évolution ? La question mérite d'être posée d'autant plus que ce livre est pour le moins subjectif.

Ce rapport obéit à une hypothèse qui transparaît à toutes les pages, dès le début (p 13): "Les gens touchent, se touchent, font l'amour, échangent les partenaires féminines[...]" (p. 13). On comprend vite que selon DWL, l'échangisme consiste à échanger des femmes plus ou moins consentantes, plus ou moins contraintes, pour le bonheur de la libido masculine à l'image de la pornographie. Il faut cependant attendre le chapitre 6 (L'entrée dans l'échangisme) pour lire explicitement cette hypothèse: "Les pratiques non conformistes correspondent en premier lieu au désir des hommes de vivre des relations sexuelles avec plusieurs femmes de manière successive et/ou simultanée. L'échangisme est une forme contemporaine de polygamie masculine. [...] Une de mes hypothèses centrales est que la fréquentation des clubs échangistes réfère à la même problématique. Nous serions en présence d'une gestion conjugale de la polygamie masculine des désirs, d'une forme moins arithmétique de partage."

Après avoir introduit tous les termes du marché, DWL explicite le mode de séduction dans un chapitre au titre explicite: "De la putain à la salope...". DWL nous explique que le groupe des hommes a toujours établi une division entre les femmes: les "mamans" et les "putains", au point de parler de polygamie entre les unes et les autres. Or la figure de la salope aurait tendance à remplacer celle de la putain dans l'imaginaire érotique masculin. DWL définit la salope comme la femme non vénale qui aime le sexe dans des formes qu'aiment les homes, et qui porte des tenues sexy définies par la pornographie.
"Pour garder leur conjoint, lui plaire, les femmes [échangistes] doivent se comporter en salope [...] Dans notre étude, nous avons rencontré de nombreuses femmes qui disent aimer la fréquentation des lieux non conformistes. Ces femmes reprennent pour partie les stéréotypes de la salope, tout en revendiquant leur propre plaisir dans cette représentation de soi et ces pratiques. Mais très souvent elles n'en adoptent pas le nom, préférant nettement le terme de libertine (p. 197)".

C'est à travers ce prisme que sont interprétées toutes les interviews citées dans ce livre. Le libre arbitre féminin proclamé par quelques libertines est relativisé, la domination masculine débusquée entre les mots. "La planète échangiste" donne donc une vision subjective du libertinage, comme l'avoue DWL lui-même dans son introduction "Le point de vue développé ici, le regard qui transparaît dans les mots utilisés, est mon point de vue, mon regard" (p. 10). Cette vision est aussi panoramique. Loin d'être centré sur les pratiques échangistes "classiques" des couples, DWL aborde le voyeurisme, l'urologie, la scatologie, le SM, ainsi que tous les acteurs, des couples aux hommes seuls en passant par les professionnels. On peut donc lire des choses étonnantes. Je suis ainsi très surpris d'apprendre que "La tendance en 2005 est d'ailleurs d'aménager des backs-rooms de rencontre dans les sex-shops." (p. 62), au point de douter de la qualité des personnes interviewées lorsque je lis "Partout, que ce soit en club d'échangistes ou en soirée SM, je n'ai jamais rencontré un autre Noir, jamais [interview d'une femme qui pratique essentiellement le SM]" (p. 132)

DWL avoue aussi volontiers sa difficulté d'appréhender les échangistes, et son livre manque cruellement d'analyses quantitatives. Ainsi, on ne saura pas combien de français pratiquent l'échangisme, et les seules statistiques sont établies à partir des petites annonces de swing! DWL en déduit probablement à juste titre une sur-représentation des hommes seuls (51 %), suivis des couples (39 %) et enfin des femmes seules (3 %), le reste pour les travestis, groupes constitués et autres transsexuels (p. 83).
Les analyses qualitatives de ces annonces sont en revanche nombreuses: "Non seulement, dans l'échangisme les hommes contrôlent le sens des échanges des partenaires, mais en plus ils imposent leurs symboliques érotiques pornographiques" (p. 92). En ce qui concerne l'omniprésence de la pornographie dans les annonces, on ne peut malheureusement pas lui donner tort.

Lire "La Planète échangiste" est probablement un excellent moyen de dégoutter les futurs libertins, avec ces descriptions caricaturales (la description d'une partouze sur la plage au cap d'agde - début du chapitre 17 - est un morceau d'anthologie) et ces commentaires orientés. J'ai certes déjà rencontré certains travers fustigés par l'auteur, mais sa vision détachée ne peut rendre compte des émotions vécues. Dans ce tableau désespérant, DWL semble tout de même esquisser l'amorce d'une féminisation de la sexualité collective, et par conséquent une renégociation d'un échangisme machiste au profit de valeurs plus féminines.

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structure du livre, citations très nombreuses avec indications sur les références fournies   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : La Musardine La médecine du sexe et les femmes : Anthologie des perversions féminines au XIXe siècle - 1 Avis par StephB F 1999

  
Intérêt 3/4
Style, qualité d'écriture 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : structure du livre, citations très nombreuses avec indications sur les références fournies
les moins : des introductions ou analyses plus fournies des textes aurait été bienvenues

Les perversions sexuelles et monomanies ont fait l'objet d'études médicales au XIXe siècle, mais peu se réfèrent à des cas féminins, et encore moins à des observations directes.

Sylvie Chaperon réalise dans son ouvrage une synthèse des principaux cas évoqués dans ces ouvrages médicaux.

Les perversions sexuelles sont bien entendu celles que l'on entend au XIXe siècle et donc, parmi celles-ci, ce que nous ne considérons plus comme telles à présent. Sont répertoriés avec plus ou moins d'exemples des cas d'onanisme (toute une littérature médicale entoure ce thème, avec description des effets de la masturbation comme la dégénérescence physique et les remèdes barbares apportés comme la clitoridectomie), de nymphomanie, d'érotomanie qui se distingue du cas précédent par l'absence de passage à l'acte, de frigidité, de bestialité/zoophilie, de nécrophilie bien que le seul cas mentionné ne montre pas réellement une perversion sexuelle, d'exhibitionnisme qui ne trouve qu'un seul écho dans un souvenir d'un médecin, de saphisme/inversion sexuelle, de fétichisme et de pédophilie.

Sylvie Chaperon amène chaque partie de l'ouvrage et chaque citation d'observation médicale par un historique et une mise en contexte.

La médecine du sexe et les femmes est une anthologie utile pour qui souhaite s'intéresser à l'histoire de la sexualité féminine.

Extrait, p.39 :

"Son médecin résolut d'essayer l'extirpation du clitoris."

Dans cette observation empruntée par le docteur Deslandes à Graëfe, on voit se mettre en place les débuts de la clitoridectomie exportée de France en Allemagne. La structure narrative du cas qui passe de l'enfer des thérapeutiques inefficaces au paradis post-chirurgical, montre que la méthode n'est pas anodine et ne peut être employée qu'en dernier recours. Ce récit révèle aussi la cruauté des traitements réservés aux fous et idiots qui n'hésitent pas à recourir à la torture pour obtenir "une dérivation par la douleur".

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Ce livre tient plus du gadget à collectionner que véritablement d'une lecture de chevet, d'où un très bon rapport qualité/prix !   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Mille et une Nuits Heurs et Malheurs du trou du cul - 1 Avis par Chateign F 300

  
Intérêt 2/4
Style, qualité d'écriture 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : Ce livre tient plus du gadget à collectionner que véritablement d'une lecture de chevet, d'où un très bon rapport qualité/prix !
les moins : Aucun.

J'ai acquis ce petit livre, souriante et amusée, tant pour son histoire (1622), que pour son humour. Vous le savez déjà, je suis du genre à aimer bousculer, je le laisse donc nonchalamment à la vue de tous sur un coin de table, pour réveiller la curiosité !
Mission réussie ! En même je partais sur un sujet facile !

La tribu pousse la première page, la deuxième, la troisième, etc... L'introduction lue à haute voix réveille des grimaces, des sursauts, des hocquets, des sourires, des éclats de rire, on en discute, ça relaxe et en fin de compte, parler de nos trous du cul, détend l'atmosphère. Le tabou est en parti valdingué. On peut alors aborder des sujets plus profonds, plus secrets... mais il y a toujours un plus curieux que les autres qui continue discrètement sa lecture et enfin s'esclaffe ! Il faut qu'il lise ce poème : il est très bon !

J'aime bien l'Enigme du trou postérieur, je vous en joins de petits extraits :

Ne vous étonnez pas si je me cache ;
car tous me tiennent à l'oeil
pour du vague chahut
et de l'espièglerie ;

...

Je suis de la chambre du roi,
bien que j'avance sous cape,
et serviable en toute bonne foi,
sans quémander dons ou faveurs.

Mes affaires n'eurent pas l'échos désiré,
bien qu'elles en firent rire certains ;
j'en fis quelques-unes par traitrise :
mais en cela je fus astreint.

...

Je marche dettière tous,
et vous verrez, si je n'y apporte
remède, combien les affaires
n'ont pas empester sur l'heure.

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pédagogie de l'ouvrage, authenticité des témoignages, diversité des personnes interrogées, se dévore   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : De Mes Sens Libertin(e) aujourd'hui : Mélangistes, échangistes, bisexuels, qui sont-ils ? - 1 Avis par mrbond H 114

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : pédagogie de l'ouvrage, authenticité des témoignages, diversité des personnes interrogées, se dévore
les moins : Manque une conclusion

J'ai trouvé ce livre par hasard dans un centre Leclerc (c'est dire! lol) et comme on avait l'intention d'aller visiter un club libertin (ce que nous n'avons pas osé faire, mais on y croit toujours! lol), je voulais m'informer et voir un peu la manière de penser de ces gens. Et j'ai carrément dévoré ce livre, non pas qu'il correspondait à ce que je voulais entendre mais surtout parce que les témoignages de ces personnes étaient d'un tel naturel, d'une telle authenticité que je voulais toujours en savoir plus.

Et c'est surtout sur le premier témoignage où j'ai cru que c'était ma compagne qui avait répondu aux questions tellement cela lui ressemblait.

C'est donc un récit de 20 témoignages de personnes différentes: novices, couples échangistes confirmés, mélangistes, soumises, personnes bisexuelles, gérants de clubs, et non libertins également... mais tout dans un tel naturel, dans une telle pudeur qu'il n'y a aucune vulgarité.

Un vrai délice. (C'est d'ailleurs le nom du club dont nous n'avons pas pu franchir la porte, mais on est rentré dans le parking ;))

A lire absolument!

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très bonne introduction à la culture chinoise quand on n'a aucune notion, illustrations nombreuses et riches, panorama historique de la préhistoire au XXè siècle, chaptitrage historique puis thématique   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Robert Laffont L'empire du désir - Une histoire de la sexualité chinoise - 1 Avis par StephB F 1999

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : très bonne introduction à la culture chinoise quand on n'a aucune notion, illustrations nombreuses et riches, panorama historique de la préhistoire au XXè siècle, chaptitrage historique puis thématique
les moins : pour entrer plus avant dans l'histoire de la sexualité chinoise et non avoir des bases culturelles le livre ne suffit pas

Volume qui recèle de nombreuses illustrations, L'empire du désir est un voyage dans l'espace et le temps, à la découverte de la sexualité chinoise depuis la préhistoire : du culte des organes génitaux à la découverte de la fonction reproductive de la sexualité, de cette découverte à l'élaboration d'une société fondée sur la domination masculine avec ses manifestations, pieds bandés, développement des lupanars...

La sexualité chinoise requiert d'un art de vivre, avec son mobilier comme le tabouret de printemps disposé dans la chambre à coucher, avec ses objets : godemichés, coffrets intimes représentant le coït, albums d'images érotiques pour susciter le désir. Selon les dynasties, la licence sexuelle pouvait être réprimée ou non, il y eut le temps des eunuques et de leur influence au palais, le temps d'une clémence pour l'homosexualité chez les notables et chez certains peuples.

Les positions amoureuses ont fait l'objet de descriptions précises, d'illustrations, de noms imagés, et trouvent place dans une littérature érotique considérée comme genre littéraire de premier ordre. La sexualité a été perçue comme l'union du yin et du yang, le yang devant recueillir l'énergie du yin sans se défaire de la sienne par l'éjaculation.

Rédigé par Liu Dalin, sociologue et sexologue à l'origine de l'ouverture du premier musée du sexe en Chine, ce livre nous offre le dépaysement d'une culture riche et fascinante.

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joli, agréable à regarder, facile à lire (textes courts, anecdotes)   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Editions Alternatives Sex Toys Story - 1 Avis par StephB F 1999

  
Intérêt 1/4
Style, qualité d'écriture 2/4
Note Générale 1/4
Les plus : joli, agréable à regarder, facile à lire (textes courts, anecdotes)
les moins : photographies censurées avec de grandes traces de couleur rose, présentation de produits comme sur un catalogue ou un magazine consacré aux sextoys, slogans accompagnant la présentation de produits, avis sur des produits qui semble plus commercial que reflétant une réelle connaissance des produits, un peu fourre-tout

Si « le sexe, c'est tendance » comme l'affirme l'introduction de ce livre, j'ajouterais : les livres sur les sextoys aussi. On pense au dernier opus d'Ovidie dans la collection Osez, on pense au très documenté Godes'story de Christian Marmonnier (produit > godes story histoire sex toy)...

Sextoys story de Vincent Vidal arrive pile dans les rayons des librairies pour les fêtes de fin d'année : petit, joli, léger de ton et de contenu, illustré voire ultra-coloré, le livre peut plaire. « Plaisir d'offrir » semble un leitmotiv du livre, par ailleurs.

Seulement, où est la « story » ? Sont-ce les quelques pages rédigées qui la constituent ? Sont-ce les petites histoires, anecdotes jetées en vrac sur des pages à fond noir ? Ou serait-ce les très nombreuses pages d'illustrations de sextoys qui la narreraient mieux que le texte ?

A lire les annotations de ces pages d'illustrations dignes de celles d'un magazine justement consacré aux sextoys, on est en droit de se demander si la démarche n'est pas plus commerciale qu'informative. Nombre de sextoys plutôt mauvais sont présentés en termes élogieux, sous forme de slogans. Le livre nous informe aussi de l'existence de réunions à domicile pour pouvoir acheter en toute quiétude des sextoys, avec une boutique désignée : « pour en savoir plus ou devenir ambassadrice », suit l'url du site, p. 116.

Un glossaire termine l'ouvrage. Pratique quoique rudimentaire.

J'ai été déçue par cet ouvrage après ma lecture de Godes'story qui est un livre vraiment intéressant. Celui-ci est trop commercial à mon goût. Mais il est joli, c'est sûr...

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Pour les curieux, volume de référence des ouvrages présents à l'Enfer de la Bibliothèque Nationale, Index, répertoire par ordre alphabétique   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Fayard Les Livres de l'Enfer: Du XVIe siècle à nos jours - 1 Avis par Lavax F 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Pour les curieux, volume de référence des ouvrages présents à l'Enfer de la Bibliothèque Nationale, Index, répertoire par ordre alphabétique
les moins : Aucun

Le sous-titre est le suivant: "Bibliographie critique des ouvrages érotiques dans leurs différentes éditions du XVIe siècle à nos jours". Il s'agit de la seconde édition, enrichie de 200 notices par rapport à la première, parue en 1978.

Pascal Pia, de son vrai nom Pierre Durand (1903-1979), n'est pas un érudit, mais un autodidacte, qui fut résistant pendant la guerre, et qui après avoir fait du journalisme et de la critique littéraire, devint spécialiste du XIXe siècle et de l'Enfer.

La création de l'Enfer de la Bibliothèque Nationale de France remonterait à une date comprise entre la Monarchie de Juillet et le Second Empire. Le Dictionnaire Universel de Larousse définit ainsi, en 1870, le terme d'enfer: "endroit fermé d'une bibliothèque, où l'on tient les livres dont on pense que la lecture est dangereuse; exemple: l'Enfer de la Bibliothèque Nationale".
Ce dépôt n'était jadis pas ouvert au public et contenait des livres d'une "obscénité révoltante".
Aujourd'hui, il faut une autorisation d'accès, comme pour toutes les réserves, justifiant d'un travail intellectuel.

Le volume de Pia est un volume critique, examinant tous les numéros de l'Enfer, et les décrivant de manière détaillée - d'après lui, il y a 1730 numéros. Par ailleurs, Pia décrit aussi les éditions des mêmes ouvrages érotiques non classés à l'Enfer et dont la BNF ne possède aucun exemplaire.
L'ouvrage a le mérite de se présenter par ordre alphabétique, puis par ordre de datation, quand la date est connue.
Les 1730 numéros sont également répertoriés, pour commodité, en fin de livre. Et l'on trouve un index général très utile.

Ce livre fait suite à "l'Enfer de la Bibliothèque Nationale" qu'avaient publié Apollinaire, Fleuret, et Perceau, en 1919.

Il est incontournable pour tous les érudits, les amateurs d'ouvrages érotiques, les "curieux", et bien sûr, les bibliophiles. Il ne se lit pas, mais se feuillette. Il recense des curiosa, et est lui-même, de quelque façon, une curiosité.

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Histoire érudite et intelligente des discours sur la masturbation, qui n'hésite pas à dire quelque chose de la sexualité moderne, traduction française   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Gallimard Le Sexe en solitaire. Contribution à l'histoire culturelle de la sexualité - 1 Avis par Lavax F 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Histoire érudite et intelligente des discours sur la masturbation, qui n'hésite pas à dire quelque chose de la sexualité moderne, traduction française
les moins : Iconographie insuffisante, des longueurs parfois

Historien à l'Université de Berkeley, Laqueur a écrit il y a quelques années un autre volume traduit en français sous le titre "La fabrique du sexe".
Le titre original du "Sexe en solitaire" est "Solitary Sex, a cultural history of masturbation", traduction: Pierre-Emmanuel Dauzat.

Bouleversant l'ordre adopté par Laqueur, je commencerai la présentation de cet essai par une thèse qui n'est guère anecdotique et qui m'a paru fort éclairante. Il en va du problème de la masturbation comme du problème du livre: problème privé, solitaire, silencieux (par analogie avec la lecture silencieuse). Lauqueur montre ainsi qu'il y a quelque échappée, quelque addiction, semblables, entre lecteur solitaire, plaisir solitaire, internaute solitaire: "que la masturbation pût trouver des champs d'expression culturelle élargis dans les médias n'a pas de quoi nous surprendre, nous modernes du XXIeme siècle. Le jour où j'écrivais ces phrases (...) paraissait la lettre d'un professeur (...) de Yale déplorant sa propre addiction au Web: si forte, assurait-il, qu'il devait mettre des filtres pour suppléer aux défaillances de sa volonté. Il se plaignait aussi amèrement de ses étudiants qui consultent leurs courriels et se lancent dans d'autres activités électroniques solitaires en plein cours - ce qui me faisaient penser aux étudiants dont parle Tissot qui trompaient leur ennui en se masturbant".
L'histoire que dresse Laqueur n'est pas l'histoire d'une pratique, mais l'histoire de discours; il ne s'agit pas de dire quand la masturbation est née, mais d'envisager à partir de quand elle est devenue PROBLEME.
Celui-ci naît avec un livre - dont il retrace l'origine et retrouve l'auteur (un chirurgien pornographe et charlatan) -, "Onania", qui invente justement le mot "onanisme", autour de 1712. Le problème est repris avec Tissot une cinquantaine d'années plus tard.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la masturbation n'est pas un problème religieux, mais un problème profane; c'est un problème des Lumières, et qui plus est un problème médical.
S'invente littéralement l'idée selon laquelle la masturbation rend malade.

Pour fonder son hypothèse, Laqueur mène une enquête sur les termes servant à désigner la masturbation dans l'Antiquité grecque et romaine, au Moyen-Âge, et à la renaissance - enquête très instructive. Il envisage la question des Cyniques, pour qui la masturbation était publique et avait vertu médicale, et explique, plus largement, comment la médecine grecque et romaine envisageait la masturbation comme solution pour éliminer les excédents, les congestions sanguines et les irritations.

La question monastique est soulevée, mais Laqueur montre que ce n'est pas la masturbation qui soucie les moines, mais la pollution (nocturne). Au reste, entre la fin du VIeme et le XII eme siècle, aucune expression monastique ne correspond à l'activité de se donner à soi-même du plaisir par la main, alors même que le latin dispose de tels termes.
Plus largement, Laqueur explique que la masturbation entendue au sens strict comme autoérotisme manuel n'est pas une catégorie de péché sexuel.

Ce qui constituera la masturbation comme problème au début du dix-huitième siècle, ce sont essentiellement ces trois points:
- une activité liée à l'imagination et au fantasme;
- un acte solitaire par essence antisocial;
- un acte illimité, c'est-à-dire échappant à toutes formes de contraintes, et conduisant à l'absorption de soi.

Laqueur montre que la masturbation devient la sexualité par excellence de la modernité. A partir des premières années du vingtième siècle, elle s'inscrira a contrario pleinement dans le nouveau dispositif socio-politique.

La thèse ici soutenue par Laqueur, comme on le voit, s'oriente de décisions qu'on peut ne pas partager. Il reste que c'est une tentative vraiment intéressante. Je lui reproche de ne pas exposer, parfois, ses hypothèses avec assez de tranchant; et pour la partie d'avant "Onania" (notamment sur les Cyniques, ou sur le monachisme, d'être un peu "léger"), mais il est vrai qu'on ne peut embrasser tout le savoir, et qu'il fallait faire des choix. Son enquête linguistique est particulièrement convaincante et donne grande force à son travail.
Les quelques passages sur la modernité sont certes un peu décevants parfois (à côté de paragraphes réellement forts), mais Laqueur n'affiche aucune prétention non plus à expliquer quoi que ce soit de notre époque.

Dans l'ensemble, c'est un très bon essai.

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texte de réhabilitation d'un partisan convaincu, style, récit court, éléments biographiques qui étayent la thèse, différenciation claire de la fessée érotique tel que J. Serguine la conçoit et la fessée punitive   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Gallimard Eloge de la fessée - 2 Avis par StephB F 1999

  
Intérêt 3/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 3/4
Les plus : texte de réhabilitation d'un partisan convaincu, style, récit court, éléments biographiques qui étayent la thèse, différenciation claire de la fessée érotique tel que J. Serguine la conçoit et la fessée punitive
les moins : le côté pointilleux du personnage lorsqu'il exige certaines culottes de certaines couleurs et de certaines matières

Une petite centaine de pages au service d'une réhabilitation : celle de la fessée. Mais pas celle à vertu pseudo-éducatrice, celle qui "corrige" les enfants. Jacques Serguine à travers son expérience évoque la fessée donnée à une femme, acte d'amour, rapprochement de deux corps, apaisement des esprits.

Trois chapitres explicitent le bien fondé de la fessée au sein d'un couple et sa nécessaire régularité à vertu thérapeutique : pas de réconciliation sur l'oreiller, jamais, mais comme il vaut mieux prévenir que guérir, la fessée a le goût d'un traitement homéopathique. J. Serguine explique jusqu'au choix de la position pour donner cette fessée, de la tenue vestimentaire idéale -culotte couvrante blanche ou noire sans matière synthétique, il raconte sa vision de la fessée, sa pratique ordinaire mais jamais banale, à tel point que chaque vendredi le tient fébrile, dans l'attente de ce moment partagé. Un livre qui fait de la fessée un réel acte d'amour.

Saveur d'un témoignage d'un partisan convaincu et convaincant.

 

gros coup de cœur: illustrations superbes et variées ; lecture riche et  très digeste .   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Gallimard Histoire de l'érotisme. De l'Olympe au cybersexe - 2 Avis par blue H 300

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : gros coup de cœur: illustrations superbes et variées ; lecture riche et très digeste .
les moins : Absence de notes.

Avis général: Ce livre est une très bonne introduction à l'histoire des productions érotiques. L'objet traité est très large, aussi il ne faut pas s'attendre à une approche très pointue sur la question. Il ne s'agit donc pas d'une encyclopédie, mais d'une invitation à voyager dans le temps, qui permet en quelque sorte de faire le "tour du propriétaire"et d'avoir envie de ne pas en rester là, de chercher d'autres livres, de visiter des musées, de visionner des films... Cependant tout en survolant l'histoire, il reste très riche, et le propos est intelligent.  Bref ce livre est savoureux!

exemple:   Pierre Marc De Biasi prend pour exemple une petite statuette étrusque. L'homme est devant et la femme y est rattachée par un chaîne. A première vue tout semble être une affirmation de la domination masculine. Pourtant, en y prêtant plus attention, on remarque que la femme n'est pas ligotée par ses chaînes, mais qu'elles partent de son niveau pubien pour aller se ficher dans la tête de l'homme. Alors on comprend que c'est l'homme en fait qui, par des pensées licencieuses, est attaché à la femme. –Bon forcément, avec la photo à coté, le propos est beaucoup plus intéressant- (dans le fond, je ne suis pas sûr que l'idée du pouvoir des femmes par le sexe soit réellement à leur avantage, mais bon... ça n'enlève en rien l'intérêt de la statuette).

Les images:Les illustrations sont un vrai bonheur, dans leur choix , leur nombre et leur qualité graphiques ; et ce, malgré le petit format de l'ouvrage. C'est un vrai point fort de ce livre.

Un regard sur les autres cultures: Même si  il  se concentre en premier lieu sur l'histoire occidentale, il faut saluer le fait que soit aussi abordé l'érotisme indien, en islam, au japon...


Quelques critiques tout de même: Il manque des notes permettant de retrouver et vérifier les sources de certaines informations. Ainsi, par exemple, il est affirmé que l'interprétation que donne Bataille des peintures de la "scène du puits de Lascaux", est aujourd'hui reconnue comme erronée. Mais il manque de références pour pouvoir vérifier tout cela .  A certains moments des éléments sont simplement évoqués sans être analysés ou développés. Cela donne alors une impression de patchwork, qui fait perdre un peu de vue la cohérence du discours. Heureusement, à mes yeux, cela ne suffit pas à ternir la qualité de l'ensemble.


La quatrième de couverture : Elle se retrouve comme présentation sur la fiche produit du CDS. Elle est très intéressante, et mérite vraiment d'être lue.  C'est d'ailleurs avec un véritable enthousiasme que j'ai découvert ces propos, car j'y retrouve là tout à fait un thème qui me tient à cœur.  Je dois juste préciser que cela ne reflète pas fidèlement ce qu'est ce livre. En réalité on est plus proche du point de vue descriptif de l'historien, que de la volonté philosophique de défendre une thèse. Cependant , la mise en perspective dans l'histoire n'est en soi jamais neutre.


Annexes et documents:Il contient une "petite anthologie en forme d'abécédaire", très plaisante et éclectique. Elle fait une vingtaine de pages bien chargées.
On trouve aussi une bibliographie, une table des illustrations très complète, et un indexe.

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intérêt de cet ouvrage dans l'histoire de la sexologie, et du féminisme, critique du freudisme ambiant qui voyait la féminité comme résidant dans l'orgasme vaginal, présence d'un petit glossaire, et d'une bibliographie succincte   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Presses Universitaires de France Nature et évolution de la sexualité féminine - 1 Avis par Lavax F 300

  
Intérêt 3/4
Style, qualité d'écriture 2/4
Note Générale 2/4
Les plus : intérêt de cet ouvrage dans l'histoire de la sexologie, et du féminisme, critique du freudisme ambiant qui voyait la féminité comme résidant dans l'orgasme vaginal, présence d'un petit glossaire, et d'une bibliographie succincte
les moins : des connaissances un peu obsolètes, un raisonnement parfois étroit, manque de fais cliniques, prix de vente généralement constaté assez élevé

L'ouvrage de Sherfey, "The nature and evolution of femal sexuality", paru en France en 1976, est publié aux Etats-Unis en 1966, et réédité en 1972. Il fait suite au travail important dans l'histoire de la gynécologie et de la sexologie de Masters et Johnson, "Les réactions sexuelles", "Human sexual response" (Paris, Laffont, 1968; édition originale américaine: 1966).

Le raisonnement a pour cadre la biologie évolutionniste d'une part, une critique du freudisme d'autre part, en tant que celui-ci invitait à une conception dualiste des orgasmes féminins: l'opposition de l'orgasme clitoridien et de l'orgasme vaginal se faisant au détriment du premier, lequel était associé à une sexualité infantile.

Sherfey part du constat que les femmes sont incapables de localiser leurs sensations sexuelles: "elles craignent que ce qu'elles éprouvent vraiment ne soit ce qu'elles devraient éprouver".
  
Son but est de montrer qu'il n'y a pas d'orgasme vaginal qui soit physiologiquement distinct de l'orgasme clitoridien.

Les éléments les plus profonds du clitoris ne sont, remarque-t-elle, jamais pris en compte; de même que les veines et muscles qui entourent le tiers inférieur du vagin.
Or "aucune partie du vagin lui-même" ne saurait être à l'origine des contractions de l'orgasme (le raisonnement est, ici, un peu rapidement mené). Ce seraient bien plutôt des contractions produites par des muscles extra-vaginaux contre les chambres veineuses circumvaginales qui seraient en cause. Il n'y a donc pas, en rigueur, d'orgasme vaginal, et il est impossible physiquement de séparer deux formes d'orgasme:
"La nature de l'orgasme est la même, indépendamment de la zone érogène stimulée pour l'obtenir". Une fois qu'on s'est ainsi défait de l'idée d'une supériorité de l'orgasme vaginal sur l'orgasme clitoridien que le freudisme véhiculait, "on doit penser et parler en termes d'orgasme produit au niveau du clitoris ou produit dans le vagin (ou les deux à la fois, ou bien un orgasme produit pas les seins, par la pensée ou par n'importe quoi). Tous les orgasmes sont physiologiquement identiques".

A côté de cette thèse réellement forte, parfois faiblement argumentée (les faits cliniques manquent), Sherfey livre certaines observations:
par exemple, la masturbation du clitoris demande qu'on évite la stimulation directe, par pression ou friction, du corps clitoridien, sous peine de produire une irritation: c'est pourquoi il est préférable d'appliquer le doigt sur le mont de Vénus, ou bien à gauche ou à droite du corps clitoridien, "selon la latéralisation". Remarque intéressante: non pas seulement la masturbation directe est douloureuse, mais encore il y a latéralisation des parties sexuées: nous y sommes gaucher ou droitier.

Petit volume qu'on peut retenir donc pour une lecture, malgré un certain nombre de faiblesses.
Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la sexologie.

NB: on retiendra aussi cet extrait d'une correspondance privée entre Masters et Sherfey, mentionnée dans ce court volume: d'après Masters, lors d'une excitation moyenne, la femme sera satisfaite par 3 à 5 orgasmes induits manuellement; en revanche, par stimulation mécanique (stimulation moins fatigante), type vibromasseur, il lui faudra se masturber au moins une heure et enchaîner entre 20 à 50 orgasmes successifs afin d'être satisfaite; elle ne s'arrêtera qu'à l'épuisement, seule limite à la sexualité féminine. Il n'y a là aucune trace de sexualité pathologique. Il faut considérer que c'est la sexualité normale de la femme!

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clair, bien documenté, illustrations, instructif   
Catégorie : Librairie > Culture érotique > Essais et philosophie - Produit : Fayard Amours : Histoires des relations entre les hommes et les femmes - 1 Avis par StephB F 1999

  
Intérêt 4/4
Style, qualité d'écriture 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : clair, bien documenté, illustrations, instructif
les moins : ethnocentrisme occidental

Cet ouvrage a été ecrit en collaboration avec Stéphanie Bonvicini.

Une partie intitulée "ouverture" donne le plan de l'ouvrage.
Chapitre 1 : amours animales. Le point le plus marquant concerne les habitudes sexuelles du bonobo.
Chapitre 2 : Débuts d'amour, évoque les probables pratiques sexuelles et l'émergence de la famille chez nos lointains ancêtres.
Les chapitres 3 et 4 concernent les pratiques polygames, aussi bien dans une histoire lointaine de l'humanité que lors de pratiques culturelles actuelles dans certaines régions du globe. La polyandrie fait l'objet du chapitre 3 tandis que la polygynie est évoquée dans le quatrième chapitre (harem, secte des Mormons...).
Cependant, il sera question de cette polygynie bien plus tard puisque la monogamie inventée par le christianisme (voir le chapitre 5) aura peine à s'imposer.
Naissance de l'amour en Occident (XIè-XVè siècle), thème du chapitre 6, évoque l'apparition de l'amour courtois, du thème de l'amour en littérature et des avancées du mariage.
Le chapitre 7 intitulé "la glorification de l'amour" concerne la période du XVè au XVIIIè siècle. J'y ai notamment appris, je cite "c'est Juliette qui formule la première demande sexuelle féminine : "take all my self"." Il est bien entendu question de Shakespeare, mais aussi de la carte du tendre et de Sade.
Le dernier chapitre évoque "l'agonie du mariage. XIXè-XXè". Il y est question de la réglementation du mariage civil, de la vie sociale qui favorise les rencontres des hommes et des femmes, de la revendication de l'homosexualité, etc.
"Avenirs" sert de conclusion au volume.

Malgré la densité des informations fournies, ce livres est d'une lecture agréable (je place juste un bémol pour la conclusion "avenirs" dont l'auteur aurait, me semble-t-il, pu se passer puisqu'elle n'est constituée quasiment que de questions rhétoriques). Les illustrations sont nombreuses, bien choisies et de qualité.

Quelques points particuliers :
- l'évocation de la polyandrie n'est pas très fréquente, j'ai donc appris un certain nombre de choses sur le sujet.
- il n'est curieusement pas question des ceintures de chasteté dont parle G. Duby dans ses ouvrages, alors qu'il y a beaucoup de références aux livres de cet historien.
Les croisades, dans cet ouvrage, sont considérées uniquement comme une avancée en matière d'émancipation féminine, puisqu'en cette période, en l'absence de leur mari, les femmes régissaient les biens.
- Un document fort surprenant : le "catalogue des prix d'amour de Mademoiselle Marcelle Lapompe" de 1915, notamment par les expressions langagières utilisées.
- Au vu du titre, on peut se demander pourquoi un chapitre est consacré aux animaux.
- L'ethnocentrisme occidental (voire français !) domine. Le monde dans son ensemble n'a droit qu'à un bref tour d'horizon initial, ce que je trouve fort dommage.

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