 |
|
par Aretina 399
02.07.2008
Style, qualité d'écriture |
 |
Originalité des situations |
 |
Description des scènes d'amour |
 |
Intérêt de l'histoire |
 |
Note Générale |
 |
Les plus : très belle écriture, procédées très efficaces de séduire le lecteur
les moins : je n'y trouve pas (si c'est un fantasme, que pourrait-on lui reprocher alors ?)
Ce roman, j'ai longtemps voulu le lire. A cause de son renom. Mais je n'ai pas été préparée pour le grand plaisir que cette lecture est à même d'octroyer. Je ne connaissais pas le CDS quand j'ai reçu et lu ce roman (je voulais le lire en français). Je l'ai relu récemment pour rafraîchir ma mémoire avant de laisser l'avis. Le plaisir éprouvé n'a perdu rien de sa force à une seconde lecture.
Le charme de cette écriture a eu grand empire sur moi. Je pense que le fait d'adhérer aux comportements répertoriés dans ce texte ne devrait pas influer sur l'effet que les éléments formels font naître. La plume de Dominique Aury est d'une beauté renversante. Elle construit ses phrases avec la maîtrise d'un bijoutier qui épouse créativité à un sens étonnant de l'harmonie. Ce texte est une collection des bijoux syntagmatiques, chaque page semble un petit écrin rempli de pierres précieuses.
Le roman en soi n'est pas ni dérangeant, ni choquant. C'est une histoire d'amour, un peu à part. Mais une histoire d'amour tout de même. Et une très belle, qui plus est. O ne m'a pas semblé une poupée sans volonté : elle participe activement à toute étape de son évolution. Pour paradoxal que cela pourrait sembler, elle est active en étant passive. Elle accepte de se soumettre. Elle peut dire oui ou non. C'est un choix comme le sien ce qui rend ses maîtres maîtres. Sans sa volonté à elle, ils restent que les supports vivants d'une esquisse de volonté ou fantasme.
C'est cette optique qui, à mon avis, explique pourquoi l'amour de O se dirige ensuite vers Sir Stephen. Il est sa pierre de touche, son eau régale. C'est lui qui fait briller l'or dans O. René était un entraînement, Sir Stephen est le jeu final. O et Sir Stephen se complètent magistralement.
Ce qui me dérange en fait c'est la tendance de définir le roman à travers trois ou quatre bribes qui peuvent bousculer les esprits plus délicats. Ce sont effectivement des bribes qui ont leur rôle, mais présentées ainsi elles sont mises dans un autre contexte que celui où elles brillent dans la symbolique plus proche du ton du roman. En fait, ce qui subit le corps d'O me rappelle un fragment d'un roman de Michel Tournier : Gaspard, Melchior et Balthazar. Le roi "esthète", Balthazar médite sur les tatouages. Il parle du corps humain qui devient un bijou lui-même une fois orné de cette "amulette permanente", ce "bijou vivant [...] qui fait partie de notre corps." La peau tatouée devient "logos". L'idée a déjà été exploitée par Garcia Marquez dans son célèbre Cent ans de solitude, où un des personnages retourne de son tour du monde entièrement couvert des tatouages. Il ne raconte pas ses péripéties, mais tout le monde les connaît car il suffit de "lire" son corps.
Or donc, O, avec son corps marqué devient le document vivant de son histoire, de sa conception de la vie, de l'amour. Il y en a qui se contentent d'une alliance, d'autres d'un certain type de vêtement, d'une coupe de cheveux pour signaler ou exprimer leur crédo. D'autres gardent un journal intime ou rédigent des mémoires. O est plus graphique que cela. Son propre corps assume le rôle de narrateur de son histoire. Qui - je prends plaisir à le répéter - est une histoire d'amour. Son histoire est vivante.
Une autre aspect que j'ai aimé : le manque de fin. L'auteur en propose deux. Le lecteur est invité à faire travailler son propre imagination. C'est un coup réussi de l'auteur, car ainsi elle parvient à lier le lecteur à ce texte, à l'impliquer dedans.
Un must littéraire. Et en ce qui me concerne, un coup de cœur.
|
12 Commentaires
|
|
|
par Lavax 300
24.04.2007
Style, qualité d'écriture |
 |
Originalité des situations |
 |
Description des scènes d'amour |
 |
Intérêt de l'histoire |
 |
Note Générale |
 |
Les plus : Roman important, écrit en un style simple et beau, qui dit la violence d'un amour
les moins : Fantasmes masochistes qui peuvent ne pas plaire, et dont la portée politique me paraît plus que douteuse
Pour la description de la publication de ce volume, je me permets de renvoyer à l'avis de Eve (ClubDesSens.fr > /products/review.html?ID=623 - signalons juste une petite coquille dans cet excellent avis: c'est non pas Sir Stephen qui emmène d'abord O au château de Roissy, mais René, son demi-frère).
C'est avec un préjugé défavorable que j'ai entamé la lecture d'Histoire d'O. Par ce qu'on m'en avait dit, je savais que cela ne correspondrait pas à mes goûts; mais comme il n'est jamais bon de ne pas lire un livre qui a marqué son époque, j'ai voulu faire l'effort de le lire, et ne l'ai point regretté.
C'est d'abord un style que j'aime beaucoup: simple, sec - proche assez de celui de Paulhan dans le "Pont traversé", ou "Progrès en amour assez lents", par exemple (petits ouvrages qui me sont chers). Pauline Réage, alias Dominique Aury, alias Anne Desclos, applique des procédures narratives, notamment au début et à la fin du roman, qu'on pourra juger un peu vieillies, mais qui restent pleines de charme. Son usage des conjonctions de coordination est aussi séduisant: les doubles "et", surtout les doubles "mais", qui sont inhabituels en français. Se dégage l'idée d'un arbitraire: tout aurait pu être autrement; un autre début, une autre fin; O aurait pu... O est libre... Libre d'être esclave. De la serviture volontaire! O pourrait se révolter, O pourrait partir, mais O désire être esclave. ---> Les esclaves aiment leur maître, ils désirent leur condition d'esclave. Les marques sur le corps, la loi à laquelle O doit obéir, elle les attend avec joie.
Plusieurs lectures possibles de ce livre: une lecture linéaire; la première, celle que chacun fait d'abord. Et là, pour moi, ce fut beaucoup de difficulté à avoir tout simplement envie de continuer. Aucun plaisir, de l'ennui aussi sans doute; la ritournelle des fantasmes: château, enfermement, fouet, loi du silence, interdiction de regarder les visages des maîtres, prostitution, marquage des corps.
Du fantasme seulement? sauf que Paulhan, l'homme de l'ombre, l'homme du secret, celui qui fit partie de la Résistance et des FFI, au sein même de Gallimard lors des années les plus sombres, semble avoir entretenu, avec sa maitresse, ce type de pratique. Dès lors, les récits prennent une atmosphère assez rude.
Mais, qu'importe. C'est de tout autre chose qu'il s'agit, et dont je veux vous faire part. Au deuxième chapitre - comme un second acte, apparaît la figure froide de Sir Stephen: la structure du roman en est transformée, et rétroactivement le premier acte aussi acquiert, dès lors, une tout autre dimension. Une seconde lecture devient non seulement possible, mais s'impose. Une violence absolue désormais se dégage - violence qui ne relève plus du fantasme, mais violence délirante. L'amour ne se dit que comme soumission, absence de soi à soi, don de soi à l'autre, mais don non-réciproque: absence délirante, un n'importe quoi, où O sombre, à quoi elle est réduite, mais réduite avec joie, guettant ici et là, quelques gestes de Sir Stephen qui trahirait quelque amour pour elle, comme un chien guette un geste d'affection de son maître.
Un texte qui ne me plaît pas, mais un grand texte - peut-être pas aussi grand que certains textes de Bataille, mais un texte dont j'ai été saisie, vraiment: par l'écriture, la violence, la beauté, le charme, alors même que l'expérience amoureuse et sexuelle dont il s'agit est à mille lieux de ce que je suis.
|
16 Commentaires
|
|
|
par lynette 106
04.02.2008
Style, qualité d'écriture |
 |
Originalité des situations |
 |
Description des scènes d'amour |
 |
Intérêt de l'histoire |
 |
Note Générale |
 |
Les plus : Style correct, sobriété de l'écriture, fin intéressante.
les moins : Répétitif, glauque, personnages éthérés, préface qui me semble malsaine.
Je ne peux pas dire avoir trouvé au livre le moindre intérêt érotique, mais j'avoue l'avoir lu plus par curiosité qu'autre chose alors c'est sans doute normal. Par contre, j'ai été dérangée pendant la lecture par un malaise presque permanent, ce qui m'a semblé étrange étant donné que les pratiques SM, même si je ne m'y adonne pas, ne me choquent pas en elles-mêmes. Et puis j'ai fini par comprendre d'où le malaise venait: O n'est rien. Elle n'a pas de pensées dignes de ce nom, ne manifeste pas d'intérêt pour quoi que ce soit (pas même pour son travail), n'a pas d'amis, et me semble-t'il presque pas de sentiment ou de ressenti non plus. O est une poupée, creuse, dénuée d'intérêt, et peut-être un peu peste. Pour tout dire, le personnage m'a rappelée... celui de Bridget Jones. Oui, je sais le rapprochement peut paraître aberrant :p mais j'ai eu l'impression d'avoir affaire au même genre de perso féminin inexistant qui attend d'un homme une vie ou même un simulacre de vie, faute d'existence intérieure. Quant aux scènes de sexe en elles-mêmes, peu de variantes, ça tourne en boucle (de ceinture?) et on s'ennuie ferme. La sexualité féminine n'est décrite que par rapport à la sexualité masculine, et ne semble exister qu'en fonction de cette dernière. L'idée de désir est peu exploitée (un comble dans un roman qui se voudrait érotique)et est ramenée systématiquement à celle du pouvoir. Le livre me semble présenter malgré tout deux qualités qui le sauvent un peu du marasme total à mes yeux: d'abord l'idée de présenter O comme "libérée" à la fin me paraît intéressante (au moment où elle devient totalement asservie) dans la mesure où elle rend possible une réflexion sur ce que ce personnage rechercherait vraiment. Etre "libérée" du poids de sa propre existence? Ensuite le personnage de Jacqueline, qui, bien que survolé, est une bonne esquisse de "survivante" et apporte un contrepoint appréciable au personnage de O (ce qui me parait démentir d'ailleurs, même du point de vue de l'auteure, la généralisation qui est faite dans la préface qui voudrait ramener "toutes les femmes" à O)
|
3 Commentaires
|
|
|
par Maitre009 222
12.01.2013
|
|
par asraelia 57
09.03.2008
|
|
par denis8l 80
05.12.2007
|
|
par tiftofteuf 64
18.09.2007
|
|
par morganedesfees 60
15.08.2007
|
|
par jam 44
07.08.2007
|
|
par Memories 41
08.03.2007
Style, qualité d'écriture |
 |
Originalité des situations |
 |
Description des scènes d'amour |
 |
Intérêt de l'histoire |
 |
Note Générale |
 |
Les plus : Un classique, excitant malgré tout
les moins : Cliché, irréaliste, galvaudé
C'est étrange. Evidemment O m'a enchantée quand je l'ai découverte. Je me suis sentie moins seule. Evidemment certaines scènes m'ont marquées, et m'accompagnent depuis dix ans. O, dans sa façon d'être, de penser, de réagir, me paraît intéressante. Je ne peux nier que Réage (!) voit souvent juste.
Mais. Mais O est une gourde, il faut bien le dire. Une poupée née de fantasmes masculins caricaturaux. Elle n'existe pas, ou seulement en creux. Et, non, ne venez pas me dire qu'une bonne soumise doit être ainsi. C'est faux, c'est idiot.
Surtout, l'Histoire est devenue insupportable depuis que le petit monde du BDSM français l'a intégrée au point de confondre fiction et Parole Sacrée. On (mais qui, d'ailleurs ?) a érigé l'Histoire en liste de règles à suivre.
Je trouverais dommage de ne pas lire O. Je trouverais encore plus dommage de lui accorder une autre importance que celle d'un texte excitant.
|
|
|
|
|
|